Consommation de viande : évolution nécessaire

Selon les paléoanthropologues, la consommation de viande a permis le développement du cerveau de l’hominidé. En effet, ce sont les réserves de graisses stockées après la consommation des chairs animales (et peut être « hominidiennes ») qui sont en grande partie à l’origine de ce que l’homme est aujourd’hui.

W0188-08Cela nous ramène à quelques millions d’années, à l’aube du monde humain, bien avant les débuts de la civilisation, de la consommation comme objectif de vie.
Aujourd’hui plus de 40 milliards d’animaux sont abattus annuellement. Une activité sous traitée et déshumanisée qui n’affecte personne, ni par son symbole, ni par son ampleur. Alors quelles sont les conséquences ?
De l’approche chasseur-cueilleur, l’humanité est passée à celle de l’éleveur-cultivateur, pour finalement atteindre au cours de la fin du XXe siècle un climax en termes d’extensification et d’intensification. Les comportements ont évolués en même temps sans que l’on puisse vraiment dire qui de la production ou de la consommation a suivi l’autre. En effet, la préparation de chair animale a longtemps été une activité festive, ponctuelle, onéreuse. Elle s’est mue en une pratique pantagruélique, s’appuyant sur des atours gastronomiques et sanitaires. La communication du lobby producteur en est un exemple frappant, manipulant le terroir et les vieilles lunes du bien-être (« manger de la viande rend fort » par exemple).
Au XIXe siècle la consommation annuelle de viande était en moyenne inférieure à 20 kg par personne en Europe. En 1920, elle passe à 30 kg puis en 1960 à 50 kg. En 2008, c’est 100 kg de viande par personne et par an qui est ingurgité en moyenne sur le continent*.
Mondialement, la production de viande s’élève selon la FAO à 265 millions de tonnes, et passera à 450 millions de tonnes à l’horizon 2050. Principalement dû au rattrapage des pays (aujourd’hui) en développement. On peut faire confiance au gargantuesque complexe agroalimentaire pour  faire avaler quasi quotidiennement un steak et des frites au milliard et demi de chinois.
Evident, ces choix d’alimentation ont un coût.
Pour Toumaï, l’air était frais, le climat en accord avec l’évolution naturelle de la planète, les ressources vierges.
Le mode de vie frénétique imposé à la planète au cours du XXe siècle après J.C. a grandement détérioré l’environnement. En particulier les gaz à effet de serre qui influent sur le climat global : fonte des glaces, changement radicaux dans les climats régionaux, réchauffement général. Selon les spécialistes de la FAO, la production animale est responsable de plus d’émission de gaz à effet de serre que le secteur des transports**. L’activité est responsable de 65 % des émissions d’hémioxyde d’azote, un gaz au potentiel de réchauffement global 296 fois plus élevé que celui du CO2, essentiellement imputable au fumier. De plus, le bétail produit 37% des exhalations de méthane. Ce gaz, produit par le système digestif des ruminants, agit 23 fois plus que le CO2 sur le réchauffement.
Les pluies acides sont aussi en cause. L’exploitation animale produit 37% du méthane et 67% de l’ammoniac qui ont un effet sensible sur ce type de précipitations.
Les sols paient aussi un lourd tribut. On considère que 20% des sols de pâturage sont dégradés. Le compactage, l’érosion, les pesticides, mais aussi les antibiotiques sont à l’origine de la dégradation des sols et par là même des eaux et des nappes phréatiques.

Lucy s’égayait librement dans la savane où elle trouvait les aliments nécessaires à sa survie. Il n’y avait aucune contrainte de production relative à la population.
Au début du XXIe siècle, les pâturages occupent 30 % des surfaces émergées, alors que 33 % des terres arables sont utilisées pour produire l’alimentation du bétail. Ces surfaces sont insuffisantes pour répondre à la demande future, ce qui entraîne le défrichage de forêts.
La consommation effrénée de chair animale provoque un immense gâchis nutritionnel. Outre les terres consacrées au pâturage, 60% des cultures de céréales, blé, orge sont destinés à l’alimentation animale. En 2005, 90% des 210 millions de tonnes de soja produit, le furent pour nourrir les animaux.
De plus, le ratio nutritionnel animal est exécrable. L’adage qui veut que « tout est bon dans le cochon » est une fable. Le taux de conversion de protéines végétales en protéine animale s’établit à 2,85 pour la viande porcine (il faut 2,85 kg de céréales pour produire 1 kg de viande), et atteint 8 pour le bœuf***. On nourrit les animaux pour nourrir les occidentaux sans combattre les famines endémiques de nombreuses régions du globe. Pour des raisons essentiellement gustatives, l’européen qui se prend pour une toque étoilée, sans (vouloir) le savoir, entretien cette calamité.

De 6,5 milliards en 2007, l’homo sapiens passera à plus de 11 milliards en 2050. Le descendant de l’hominidé peut continuer à bâfrer du steak et se dire qu’après lui, le déluge. Cet Homme pensant devrait portant préserver les ressources afin de les partager aujourd’hui et demain. Il deviendrait alors vraiment sage.

*120 kg aux USA
**Dont le transport de bétail et de viande exotique a un effet induit
***Le bœuf n’est pas nourrit aux céréales, il faut 100m2 pour produire 1kg de bœuf

vogelsong – Paris – 13 septembre 2009

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