L’UMP et l’art consommé de ne jamais perdre une élection

“2 + 2 = 5” in Assignment in Utopia d’E. Lyons puis G. Orwell

C’est rituel. Après chaque élection perdue, on attend les éléments de langage de l’UMP. Le debriefing du parti au pouvoir, une sorte de réalité parallèle où les mots vont et viennent. Quand tout le monde voit une défaite, les mots de l’UMP sont là pour tordre le réel. Quand tout le monde constate une victoire de l’opposition, le régime y discerne des demi-mesures. Avec une constance frénétique, les responsables de l’UMP usent et abusent des références au “suffrage universel”, et du terme de “démocratie”. Sauf lorsqu’il s’agit, au soir d’une défaite, d’en tirer les leçons. Les scrutins consistent alors en des échéances vidées de toute substance sans message politique. En attendant de gagner.

Le triomphe électoral de N. Sarkozy en 2007, si l’on en s’en tient à la parole officielle aura été la seule élection digne d’intérêt. Depuis cinq élections ont rythmé la démocratie française. À chaque fois (même si l’analyse des élections européennes de 2009 est plus mitigée) on assiste à une débâcle du parti au pouvoir.

Christopher Dombres

Le premier scrutin de l’ère Sarkozy s’est soldé par une déroute. Une année après l’accession, lors des élections municipales de mars 2008, 7 villes de plus de 200 000 habitants sur 10 sont à gauche, 33 villes de plus de 100 000 habitants basculent contre 5 à droite. Avec des résultats nationaux très décevants pour la majorité nouvellement au pouvoir. Seul J. P. Raffarin reconnaitra “une vague rose”. Sinon, c’est sous des formes plus ou moins drolatiques que les responsables de la droite interprètent les résultats. Au premier chef, J. F. Copé qui déclare au soir du scrutin “les grandes attentes : le courage de faire les réformes, la clarté dans les priorités, et la concertation maximale”, ajoutant : “Nous avons deux ans sans élections locales, nous avons donc toute latitude pour mener des réformes courageuses.” Entendre, nous allons dans le bon sens, les Français exhortent à accélérer…

En 2009, lors des élections européennes, J. F. Copé déclare “On l’a emporté parce qu’on a été les plus concrets”. Si l’UMP est premier parti en France, le vrai vainqueur de l’élection est le parti écologiste. Et la consolidation des blocs droite-gauche ne montre pas une victoire aussi claire que le prétend J. F. Copé. Ce que V. Peillon essaiera de souligner : “pas un grand succès pour Nicolas Sarkozy”. Mais la nuance n’est pas de rigueur, et sur les plateaux TV, on festoie…

Lors des régionales de 2010, J. F. Copé (encore lui) déclare “Dans la majorité, on peut être un petit peu déçu”. La gauche détenait 21 des 25 conseils régionaux avant l’élection, elle en grappillera un supplémentaire. Si le soir même certains évoquent une défaite, dès le lendemain, on réenclenche la pédagogie des réformes, ce que le maire de Meaux définira ainsi “Il va nous falloir au plus tôt proposer aux Français un nouveau pacte majoritaire avec des piliers clairs : faire des réformes vitales pour le pays, les retraites, la baisse des déficits ; l’emploi, la justice sociale, la compétitivité puisqu’on est à 10 % de chômage”. En substance le même menu que les trois précédentes années.

Les cantonales de mars 2011 donnent lieu à une nouvelle chorégraphie, l’argumentaire de la réforme éculé ne semble plus opérant. Le FN servira de point focal pour invalider (ou minimiser) une autre victoire de la gauche. J. F. Copé (toujours lui) déclarera “Ce n’est pas l’UMP qui fait monter le FN, beaucoup d’électeurs de gauche ont voté FN”. Au terme d’une séquence marquée par le débat sur l’identité nationale, et les références appuyées aux périls étrangers. L’UMP se réveille avec un cadavre dans le placard. Un corps putride qu’il a lui-même déposé.

Le point d’orgue restera le basculement de la majorité (à gauche) au Sénat. Le 25 septembre 2011, pour la première fois depuis le début de la Ve République, la chambre haute conservatrice tombe aux mains des progressistes. J. F. Copé explique que “les électeurs ayant voté pour les sénateurs (sic) cela ne constitue en rien l’interprétation d’un désaveu de la politique gouvernemental, les vrais rendez-vous c’est ceux de l’année prochaine.” Comprendre en creux que voter pour un sénateur ou une liste de gauche n’a rien de démocratique. Les sénateurs, et grands électeurs apprécieront. La seule démocratie qui compte c’est celle de l’élection présidentielle.

Chercher des explications dans un scrutin relève souvent de la divination dans les entrailles de poulets. Mais à vouloir délégitimer systématiquement les scrutins dits intermédiaires (avec divers prétextes), on porte une atteinte directe à ce qu’il reste de l’instrument démocratique (le vote). Étant aussi entendu que les manifestations de rue (ou les grèves), tels les cortèges (ou les occupations) de novembre 2010 n’ont aucune signification pour le pouvoir Sarkozyste. La volonté patente de surinterpréter l’élection présidentielle de 2007, suivie de l’élection législative révèle l’attachement à la France de 2007. Comme s’il fallait mettre le pays en stase politique, pour pouvoir aller au bout d’un programme. Un programme qui se sera fracassé sur les contraintes du réel. Et c’est bien avec le réel que l’UMP a maille à partir. Un réel rétif aux incuries des politiques du gouvernement, qu’il faut contrefaire, si ce n’est par des actes, au moins par des mots.

Vogelsong – 26 septembre 2011 – Paris

Le Sénat tente de sortir de la brume sondagière

“Une armée entière de critiques ne saurait arrêter les sondages” G. Gallup  -1949

Sincérité et transparence. C’est en ces termes que le sénateur socialiste J.P Sueur présente le rapport sur la proposition de loi concernant les sondages. La République se shoote aux sondages, plus de 2 000 publiés chaque année. Ausculter l’opinion, la suivre, se plier à ses désirs intimes, définit le nouveau credo de l’action politique. Mais bien au-delà, l’accoutumance touche les observateurs de la vie publique. Le lecteur, se définissant par rapport à l’artefact nouvellement créé, se positionnant en fonction de : “Suis-je d’accord ou pas avec le résultat du sondage ?”. Puis, la presse et les éditorialistes y puisent des arguments d’autorité. Soit pour étayer une démonstration subjective, soit pour exprimer le point de vue subjectif “des Français”.

Impossible d’écorner ce que le sénateur appelle la liberté d’expression de la “sondomanie” ambiante. La presse doit pouvoir publier ce qu’elle veut (même des absurdités), le législateur ne peut intervenir dans la production qualitative de l’enquête. Par contre, l’objectif de la loi consiste à s’adresser à l’intelligence du récepteur (auditeurs, lecteurs, téléspectateurs) afin qu’il juge de la pertinence de ce qui lui est servi. En ce sens, le projet stipule qu’une série d’obligations incomberait aux instituts et aux émetteurs de sondages d’opinion. La transparence et la sincérité s’appuieraient en particulier sur une notice (méthodologique) d’explication consultable sur le site Internet de la commission des sondages. Elle comporterait notamment : L’objet du sondage, les méthodes selon lesquelles les personnes interrogées ont été choisies et la composition de l’échantillon, les conditions de réalisation, les marges d’erreurs selon l’échantillon, la proportion des réponses, et notamment le texte intégral des questions, et les redressements.

Le scénario des sondages

La mise à disposition du texte intégral de l’enquête comporte un certain nombre d’avantages. Elle permet de contextualiser, d’éclairer sur “l’effet de halo”. En l’occurrence l’influence des premières réponses sur le reste de l’enquête. De plus, dans la litanie des questions il sera possible de discerner la “mise en scène” d’un questionnaire. Une mise en condition cruciale pour la thématique sécuritaire par exemple. Tout le monde a en tête le sondage du Figaro tombé (opportunément) après le discours ethnicosécuritaire de Grenoble du président de la République en août 2010. Dans quelles conditions a été réalisé ce sondage ? N’a-t-on pas par des questions non publiées instillé une atmosphère anxiogène qui conditionne les réponses ultérieures ? Des questions qui se posent notamment après le contre-sondage publié par Marianne quelques jours plus tard ? Un contre-sondage qui ne résout rien, mais qui interpelle sur la manipulation et l’interprétation par chacune des parties (émetteurs, récepteurs, commanditaires) des résultats ? Après cet épisode, on ne sait qu’une chose c’est qu’on ne sait rien. Rien de précis sur “l’opinion” des français. Une des propositions de la loi oblige à rendre public le déroulé complet des questions du sondage. Afin d’éclairer un peu plus sur la fabrique de ces derniers. D’y déceler peut-être des biais.

La cuisine scientifique des sondages

Quand on interroge un citoyen sur ses préférences politiques, et s’il répond, on peut se demander dans quelle mesure il assume ses choix d’autant plus s’ils sont radicaux, voire extrémistes ? À tort ou à raison, une stigmatisation du vote Front National s’opère dans les médias (et dans une moindre mesure celui de l’extrême gauche). Depuis 2002, on relâche l’étreinte, une sorte de décomplexion se produit sur ce type de vote. L’avènement du Sarkozysme y concourt aussi. Néanmoins, les sondeurs disposent de méthodes “maison” pour rectifier les non-dits du citoyen. En général, ils comparent les résultats bruts des enquêtes avec les réalités du vote, puis effectuent des corrections. Avec un train de retard, et beaucoup d’incertitude sur l’air du temps. Ainsi que sur le niveau de désinvolture électorale. Les entreprises commerciales de sondages, pudiquement (auto) qualifiées d’instituts, prétendent user de méthodes scientifiques pour apprécier les redressements et corrections. Le sénateur J.P. Sueur évoque l’extrême réticence de ces sociétés à livrer leurs formules secrètes (magiques), dont elles prétendent qu’elles sont issues de réflexions intenses. Il s’étonne de réponses de responsables qui ne veulent pas divulguer leurs “secrets de fabrication”, “comme de grands cuisiniers qui ne veulent déflorer le secret de leur art”. À une exception notable, ces entreprises d’opinion disent opérer dans le champ scientifique des études sociales, non pas dans la gastronomie. Selon le sénateur le fort embarras à publier les données brutes de l’étude, et d’y mentionner les corrections montre surtout le manque de méthode solide sur le sujet. La pratique du “doigt mouillé” en l’espèce.

Une loi, pourquoi ? Pour qui ?

Les récents événements concernant l’affaire E. Buisson et des sondages de l’Élysée (classés) démontrent le caractère supérieur des sondages dans la capacité d’un gouvernement à comprendre, mais surtout canaliser son opinion publique. L’artefact sondagier constitue un élément essentiel de la communication dans la fabrication d’un consentement général. Bien que P. Bourdieu ait raison sur l’inexistence de l’opinion publique, la médiacratie moderne substitue un vide par une construction statistique. Même inepte, elle est élevée au rang de source sérieuse, d’état de la pensée générale au sein d’un pays, d’une communauté. Même inepte, il faut composer avec. C’est ce que les deux rapporteurs H.Portelli (UMP) et J.P. Sueur (PS) tentent de faire. Un bien curieux attelage des deux formations centrales de la démocratie française. Ce rapport a été bien accueilli de chaque côté et sera étudié avant la fin de l’année 2010. Compte tenu de l’agenda, l’élection de 2012, cette loi serait une petite révolution dans l’abord des enquêtes d’opinion. On doit se poser la question de l’opportunité pour la droite de débroussailler le maquis “sondagier”. Un président friand, une presse aux ordres, des journalistes perroquets, pourquoi modifier un dispositif bien rôdé ? Pour le sénateur socialiste, il s’agit d’éclairer le citoyen, lui permettre de se forger une opinion de l’opinion. Dans cette étrange relation qu’il peut avoir avec ce qu’il croit penser des autres et ce qu’il croit que les autres pensent. Pourquoi H. Portelli (UMP) pousse-t-il dans le même sens ? Brûler l’idole sondagière déchue à l’aube d’une compétition difficile pour la droite ? Amender si brutalement que rien ne change en profondeur ? On ne peut imaginer la majorité UMP ne pas verrouiller un tel le sujet sur un tel enjeu.

Pour J.P. Sueur le suivisme sondagier s’apparente à un abaissement du Politique. Toute l’action et la grandeur de l’action publique reposent sur les convictions et la capacité de convaincre dans le sens du bien commun. C’est la subtile nuance qui peut séparer une idée, une conviction solide d’une vague opinion qui fluctue au gré des turpitudes. S’en remettre à des artifices d’opinion pour conduire une politique, sachant qu’elle repose sur une construction virtualisée, qu’elle varie selon les humeurs, revient à renier la Politique en tant que telle. Les accrocs continuent de plébisciter cette démocratie d’émotions. Il est peu probable qu’une loi si transparente soit-elle participe au sevrage de l’avatar citoyen-opinion.

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Vogelsong – 5 novembre 2010 -Paris

Sur les pas du sénateur A. Lambert

Sénateur “geek” et UMP… Le parti présidentiel en manque de représentation sur le web, ne manque pas de représentants. Et les places sont chères entre N. Kosciusko-Morizet, F. Riester, et L.Wauquiez. C’est pourtant A. Lambert qui mérite attention. Conservateur et libéral, “old school”, le parlementaire sonne juste quand il parle de l’Internet. D’ailleurs, il accueille des citoyens internautes dans l’ambiance feutrée et surannée du restaurant du sénat. Cantine haut de gamme. Pointilleux, conservateur, il devise sur les sujets économiques et sociaux. Sans surprise, ce spécialiste de finances publiques étaye ses arguments de rigueur par une approche strictement comptable, celle “de la colonne recettes et dépenses”. Aride.

Un sénateur geek

L’occasion fait le larron, un blog et un défi ont mis A. Lambert sur les rails du net. Piqué au jeu, il nourrit cet espace de sujets qui ne sont pas traités par les médias, “donner son point de vue” et “aller où la presse ne va pas aller”. Il est aussi une figure intéressante du réseau social twitter. Humer l’ambiance, polémiquer et anticiper ce que la société va produire comme comportement. Mais surtout s’amuser au contact d’une tranche d’âge et d’une population très différentes de ses cercles habituels. “Et puis c’est amusant” confie-t-il malicieux. Un monde d’écart avec le net vu et utilisé par N. Kosciusko-Morizet, égérie geek de dentelles et de fanfreluches. Quant l’un partage, ferraille, devise surtout avec des opposants, l’autre, au comble de l’ennui, aseptise son image de prêtresse du web. Dans son sillage une ribambelle de décérébrées psalmodiant son moindre twitt, ses moindres formules. Quant A. Lambert reçoit sans exclusive des blogueurs dans le sein des saints, N. Kosciusko-Morizet trie sur volet de gentils internautes pour agrémenter ses happenings numériques. Les places sont chères à l’UMP pour briller sur web. Mais il semble manifestement que pour l’instant seul A. Lambert puisse assumer la maxime : “On peut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux”.

Le prisme de la finance publique

Il n’ y a aucun dirigeant actuel qui n’a exercé lors d’un budget équilibré” annonce-t-il d’emblée, narquois. Trente-cinq années de déficits publics affligent ce forcené de la gestion saine, c’est-à-dire sans déficit. Une approche comptable, clinique, dont le seul tenant consiste à comparer les colonnes “recettes” et “dépenses”. Une tournure d’esprit finalement rigide et pas si éloignée des ritournelles gouvernementales sur la réduction des dépenses. L’austérité. Il ressasse d’ailleurs la fameuse idée sur la dette laissée à “nos enfants”, “une génération ne peut pas générer de la dette à l’infini sauf à considérer que la dette peut s’éteindre”. Aussi ennuyeux qu’une tirade de F. Fillon. A. Lambert incarne la pensée gestionnaire, pragmatique, poussant au second plan le débat sur les valeurs, bien qu’il se déclare libéral, quand il s’agit de critiquer l’ordre social. Pour lui, la société, et les décisions collectives se cantonnent à l’étroitesse d’une colonne de bilan comptable. Inéluctable, cartésien, mais surtout désespérément fataliste. On peut néanmoins lui accorder une formule qui fait mouche : “Si la croissance était corrélée avec les niveaux de dépenses publiques, nous serions champions du monde de la croissance”. À méditer.

Libéral à la française

“Il n’y a pas de libéraux en France, nous sommes une dizaine”, déclare-t-il. Assumé comme tel, il évoque les pays de l’OCDE dont la gestion va vers plus “d’efficacité”. Il évoque aussi le principe de l’aléa moral dans lequel les banques savent qu’elles peuvent être mises en faillite. Le “too big to fail” est inepte, et met en exergue un problème de gouvernance global “que nous n’avons pas su trouver”. Mais il ne diffère pas de ces confrères de droite prêchant la liberté, la responsabilité et les vertus du marché, mais aussi, prompts à appeler le secteur public pour relancer l’économie (privée). En cas de nécessité, “la sphère publique pour aider l’économie privée quand elle est en récession doit avoir un armement budgétaire pour mettre des moyens. Rétablir une activité économique”. En ce qui concerne la mondialisation, c’est aussi cette sorte de double discours “La mondialisation s’est faite seule. On ne l’a pas organisée, c’est un fait. Elle doit être corrigée dans ses excès. Mais on n’a pas le choix”. A. Lambert passe les puissances économiques et financières qui ont poussé à la libéralisation des échanges par pertes et profits. Il est indéniable que la mondialisation et la dérégulation ont été organisées. Que les commandements du consensus de Washington ont formaté le fonctionnement de l’économie mondiale. Et c’est devant le fait accompli que les “libéraux” se réfèrent à une transformation immanente, inéluctable. Autre trait caractéristique, l’appel au secteur public, seul garant fiable quand l’édifice de l’économie globalisée arrive au collapsus. Loin de l’aléa moral précité. Après la tempête la posture “libérale” est difficile à tenir. S’en tenir à son dogme “carré” équivaut à accélérer vers le mur. A. Lambert tient la posture, mais en pragmatique semble arrondir le discours.

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Sarkozyste précoce, A. Lambert a su se dégager de la ligne présidentielle en exposant publiquement ses récriminations à propos de la gestion politique et économique de la France. Pourtant, on peut discerner une ressemblance entre les deux hommes. Une indéniable capacité d’adaptation, libéral avec le vent libéral, interventionniste (même un peu) quand rien ne va plus. Plus largement, on peut imputer ce comportement à l’ensemble de la droite française. Tout autant à court d’idées que la gauche. Quand on n’est ni sécuritaire, ni nationaliste, que le libéralisme touche le fond, c’est toute une réflexion sur les valeurs qui est à initier. A . Lambert se tourne vers le net, un microcosme, une bulle encore créative et ouverte.
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Sources connexes :
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Vogelsong – 7 juin 2010 – Paris