Enjeu crucial des mobilisations, la quantification. Chacun déverse ses chiffres, qui vont du grotesque au faramineux. Étant entendu que le succès d’une mobilisation est principalement dû à son poids.
La spéculation culmine le jour du mouvement. La quantification est une science drolatique. Chaque partie annonce ses chiffres, les médias moutonniers publient sans se poser de questions. Jamais (oh grand jamais), la presse indépendante ne déploie un dispositif de dénombrement. On peut même rêver d’une syndication de trois ou quatre grands médias pour couvrir l’événement. L’entreprise est certes rébarbative. Le comptage de petits-fours aux conférences de presse ministérielles est notablement plus valorisant. Néanmoins, une information de qualité oblige un chiffrage juste. Surtout quand la réussite et les conséquences d’un mouvement sont relatives à la masse et au nombre. Par exemple, des données farfelues sont publiées pour l’occupation des écoles par les parents et les enseignants le 14 janvier. Selon la presse via l’AFP via le rectorat, vingt établissements parisiens étaient occupés. Le collectif quant à lui recense par appels spécifiques, uniquement dans le 20e dix-neuf écoles occupées, et dans le 13e quatorze.
Le comptage des cortèges est aussi une vaste pantalonnade. Le 29 janvier, la police annonçait 65 000 manifestants à Paris. Grotesque. Soit les agents astreints à l’inventoriage souffrent d’anomalies cognitives graves et nécessitent une prise en charge immédiate par des services spécialisés, soit les chiffres sont à dessein politique sous-estimés En réalité, les cortèges s’étiraient de la place de la Bastille à l’Opéra. Les derniers manifestants n’avaient pas quitté leurs points de départ à 17h30 alors que certains se réchauffaient déjà sur leur sofa. Le lendemain Libération titre sans ambiguïté, « entre un million et 2,5 millions de manifestants en France ». Une information claire et précise !
Un effet collatéral de la numération est le petit jeu des appréciations et du pesage. Le challenge pour les organisations syndicales à faire toujours mieux. Sans savoir à partir de quels chiffres les hurlements de la plèbe seront entendus.
Le 29 janvier au soir, le bras de fer et la désinformation n’ont duré que quelques heures, avant que tous, même les grincheux admettent que ce fut un raz-de-marée. Et qu’il était peut être plus sage de ne pas le quantifier.
Vogelsong – 31 janvier 2009 – Paris
D’un autre côté, la police s’est ridiculisée cette fois-ci. Par contre, les syndicats sous-estiment parfois les chiffres aussi. Je ne suis pas très convaincu par le 300 000 manifestants de la CGT…
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Je ne l’ai pas mis dans mon billet.
Compte tenu de l’immense mobilisation, les syndicats ont sous évaluer le chiffre. Histoire d’en garder sous le pied.
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Ah oui, je n’avais pas vu cet article, pardon. Pour avoir fait le cortège parisien dans les deux sens, j’avais avancé le nombre de 600.000 à mon père et en me disant que j’en gardais sous le coude aussi. Pour comparaison, la foule sur les Champs-Elysées le 13 Juillet 1998 avait été chiffrée à 600.000 personnes. J’ose avancer que le parcours Bastille-Opéra était beaucoup plus long…
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Le quanti ne fait de doute pour personne, mais c’est vraiment le bond quali qui m’a agréablement surpris. Je vais pas refaire ici mon papier de Causeur, mais on voyait bien qu’il y avait du neuf, ou du pas vue depuis longtemps. On voyait bien par exemple, qu’on était venu à la manif tout seul, mais entre potes, ou entre collègues. On voyait aussi, et il suffisait de causer à droite ou a gauche, que pour beaucoup c’était la première manif. Beaucoup de banderoles de boites étaient improvisées façon djeunz avec un vieux drap et une bombe de peinture, beaucoup de pancarte faites à la main, toutes choses qu’on ne voyait plus ou très peu dans les défilés syndicaux ou intersyndicaux. Beaucoup de privé-tout le monde a fini par s’en apercevoir- mais, c’est important une forte représentation du tertiaire et spécialement du proletariat du tertiare (gamins des fast food; vendeuses des Centres commerciaux, comme celles du flambant neuf 66 Champs Elysées, venues en masse; caissières des hypers; femmes de ménages des grands hotels, etc) . Bref, notre « génération 600 euros » à nous, très jeune, très féminine, pas syndiquée et peu politisée (on la comprend). En revanche très peu de profs, peu de lycéens. Et corolaire de ça, pas de succès pour les slogans sociétaux ou bêtement anti-sarko sur le mode perso, mais le Medef et le CAC 40, voire le capital en ligne de mire. J’appelle un un début de commencement de frémissement de retour de la lutte des classes, la seule, la vraie. Ça n’ira probablement pas bien loin pour ce coup-là, ca tout le monde, y compris à gauche risquerait d’y perdre qques plumes. C’est pas demain non plus qu’on verra la CGT avancer sur le mot d’ordre de la réunification syndicale, qui est un préalable à la reconquete des salaries du privé, mais ce qui est acquis est acquis, il s’est vraiment passé un truc, sans lendemain peut-etre ( à l’image du referendum sur le TCE) mais qui sait. Comme disait Karl, Creuse, vieille taupe, creuse!
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putain je me relis, c’est bourré de fautes la honte, Marco, mais bon, je tape a toute vitesse pour pas perdre le fil de ma pensée. Des flopées de fautes d’ortho, mais un seul contresens; à la 4ème ligne, faut lire : on était PAS venu à la manif tout seul
Bises à tous
Marc
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@Marc
Je peux faire un « édit » si tu le désires. Mais ce n’est pas grave.
Des fotes il y an a plein mes byets.
Je mets un lien vers ton article que j’ai lu hier. Que j’apprécie. Pas de commentaires, il y en avait plus 120…
Plus sérieusement :
http://www.causeur.fr/la-crise-du-29-janvier-choses-vues,1810
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J’aime assez cette relativisation quantitative. Pour ne pas dire quantique…
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@Jon
il y aurai un bon sujet à faire sur la théorie de l’incertitude de W.Heisenberg et le comptage du manifestant.
L’observation influant sur le résultat.
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Je vois que tu as quelques connaissances de physique quantique :)
C’est l’essence de ton titre en fait qui y fait assez intuitivement penser. Mais ton idée de principe d’incertitude appliquée est sympathique :)
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ceci dit je crois que l’idée du billet est que la quantité de manifestants est mesurable sans que la mesure affecte le résultat
il serait intéressant de savoir si un hélico ou un ballon pour la presse et les photographes pourrait etre utilisé. voir un avion de l’IGN: tu fais un passage sur l’axe bastille-opera pour faire une photographie de la manif à 17h. ça donnerait au moins une valeur plancher
tu peux aussi comparer au public du stade de france
les medias les moins cons remarquent que les records ont été battus dans toutes les villes moyennes: à partir de là difficile de pretendre que les grandes villes se comportent à l’inverse
enfin, le chiffre doit etre lu dans son évolution et comparé aux années precedentes
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Cette journée, c’était un peu du n’importe quoi.
Il y avait des problèmes aussi quant au pourcentage de grévistes.
Chez les profs, ils disaient: « entre 24% et 67% de gréviste dans l’éducation nationale ».
Bref, toute la journée, il y avait des chiffres à la con qui empêchait d’avoir le moindre repère.
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désolé pour les fotes de gramère
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Très bonne analyse. Cela m’a toujours amusé cette guerre entre le chiffre officiel et la réalité du nombre. Dans le cas présent, un fait est inaltérable : le gouvernement, Sarko en tête, sait à quoi s’en tenir. Il y a le feu au lac !
En tenue de pompier, casque et tout le tantouin, jeudi prochain sur TF1 et 2 pour explication de texte ?
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@ timothée
Ah, si gramère voyait ça !
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Ce ne sont pas les hurlements de la plèbe qui sont entendus.
On commence généralement à entendre quand ceux qui sont la cause des hurlements hurlent à leur tour.
C’est à dire quand les fourches sortent des granges pour entrer dans hôtels particuliers.
Il semblerait d’ailleurs qu’à Davos ils commencent à se préoccuper autant des risques encourus par leur peau que de ceux encourus par leurs dividendes.
Dividendes qu’ils ne lâcheront pas volontiers pour autant car le bruit cours qu’une série de structures de défaisance soit à l’étude.
Histoire de répéter à l’occasion la farce du crédit lyonnais que nous avons mis 20 ans à rembourser. Là ce sont les Terriens dans leur ensemble qui vont rembourser la note laissée par les banques.
Un délit de grivèlerie à l’échelle de la planète, en somme…
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@Tim
Je suis TRES heureux de te voir ici. Je veux croire que par ailleurs que tout va bien pour toi et les tiens. J’ai pensé à toi ces derniers jours…
@autres
Ce site est orthografproof. Pas d’inhibition par la technique d’écriture. J’ai collectionné assez de 0 en dictée,qui m’ont poussé loin des stylos. Écrivez…
Sur le fond je n’ai pas grand-chose à ajouter, vos apports et commentaires me laissent penser qu’il y a des lacunes dans mon cheminement.
Portez-vous bien
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