La complainte du condamné

“Et pendant que vous y êtes, si vous pouviez supprimer leurs subventions (aux associations antiracistes), cela ferait du bien au budget de l’Etat” – E. Zemmour aux élus UMP le 2 mars 2011

La conférence organisée par les réformateurs libéraux sur le thème “Les normes vont-elles tuer les libertés des Français ?” aurait tout autant pu s’intituler “La relativité des valeurs dans la France de N. Sarkozy”. À cette occasion, E. Zemmour a pu exposer toute la roideur de ses thèses. Profitant du contexte, condamnation récente et auditoire pleinement conquis, il s’en est pris à la Halde, l’antiracisme, et au politiquement correct. Dans une France plombée par une ambiance liberticide où il incarne la libre parole. Muselé, mais revêche, discriminé, mais debout, tel un résistant. Au vu du nombre de caméras sur place, la couverture médiatique de l’évènement, tout a été dit sur cette rencontre. À part peut-être, et paradoxalement, ses accents relativistes.

On pouvait lire l’épanouissement sur les visages d’H. Novelli et de J. -F. Copé. Une salle comble, des journalistes par dizaines, pour un séminaire qui n’aurait pas dû faire une ligne, une image en temps normal. Promotion plein régime, saturation des antennes, l’extase médiatique selon les canons de la communication droitière. Le député maire de Meaux, par contre, prit son air courroucé pour donner une leçon de démocratie à un journaliste trop entreprenant : “Heureusement que dans un État de droit, quand on est condamné et que (…) l’on répare sa faute, on n’a pas cette étiquette sur le dos toute sa vie. Quand même, ça suffit!”. Comme une évidence.

Pourtant autre son de cloche que lors de l’affaire d’A. Soumaré qui pimenta les élections régionales de 2010. Une tête de liste du PS avec un casier judiciaire. Dans la République irréprochable façon Sarkozy, impensable. J. –F. Copé, malgré les preuves et dénégations, continua (même après réfutations) de guerroyer : “Il y a tout de même des faits avérés”.

En 2008, J. -M. Rouillan rencontra O. Besancenot en marge de la création du NPA. L’ex-membre d’action directe condamné à perpétuité pour deux meurtres donna une interview à L’Express alors qu’il était en liberté conditionnelle. Avec une tonalité politique, et sans reniement de son histoire. Cela mit (à tort ou raison) tout le landerneau politique en émoi. J.-F. Copé ne s’était pas privé d’accuser le “postier” du parti anticapitaliste d’employer “la même stratégie que Jean-Marie Le Pen il y a vingt ans, en ne reculant devant aucune provocation”. Relativisme…

Au-delà des prises de position de J. –F. Copé, c’est toute la posture de la droite qui suscite l’interrogation. Non pas qu’il soit interdit d’inviter un condamné. Bien au contraire. Ce qui interloque c’est la variabilité opportuniste de la posture face aux condamnés. Et de fait face aux victimes.

N. Sarkozy apprécie les victimes, partager leurs souffrances. Dans ce deal des émotions, il aime montrer son empathie avec ceux qui souffrent. N. Sarkozy plus que tout autre pratique le dolorisme politique, la victimophilie compassionnelle. Le 21 avril 2009 à Nice il proposera que l’on examine “dans quelles conditions on pourrait voir que la victime, elle aussi, a le droit à un avocat à la minute de l’agression qu’elle subit (…) Il n’est quand même pas extravagant de demander que la victime soit traitée dans la même condition que le délinquant”. Des lamentations télévisuelles jamais suivies d’effets. Mais la marque est là.

En Invitant E. Zemmour, les libéraux de l’UMP actionnent le ressort de la contestation à l’ordre établi, à la chose jugée, à la hiérarchie des normes qui sont prônées au sein même de ce parti. Les victimes du procès entre E. Zemmour et les associations antiracistes sont les associations antiracistes et par là même tous les discriminés. Alors que J. –F. Copé comme H. Novelli laissent entendre qu’E. Zemmour est une victime. Un penseur minoritaire que des forces tentent de faire taire. Une victime de l’État. Voire de la justice. Ou des forces immanentes de l’extrême gauche moralisante. Ou d’on sait qui…

L’aréopage UMP (qui se félicitent de la présence du journaliste penseur) auraient pu depuis dix ans qu’ils sont au pouvoir mettre en place une loi sur la liberté d’expression, type 1er amendement des USA. Au lieu de cela, ils organisent des célébrations de martyres… Dans un pays où ils sont aux commandes. Alors soit l’extrême gauche a infiltré tout l’appareil de décision, y fait régner une omerta orwellienne (comme le précise E. Zemmour déjà invité par N. Dupont-Aignan à l’Assemblé Nationale aux Etats généraux de l’indépendance en décembre 2010), soit le gouvernement organise lui-même les débats et les contre-débats. Un trust médiatico-politique pour occuper tout le terrain de ce qu’il reste de pensée dans la France d’après. Dans les deux cas, la démocratie souffre de carences fatales.

À point nommé, le 22 février 2011, l’INAVEM et le gouvernement organisaient “la journée pour les victimes”. Où étaient présents notamment les futurs ex-ministres M. Alliot-Marie et B. Hortefeux. Eux-mêmes “victimes” ou “coupables”… C’est selon.

Vogelsong – 3 mars 2011 – Paris

Zemmour s'égaye à l'UMP

9 réflexions sur “La complainte du condamné

  1. Sondage – Présidentielle : Marine Le Pen en tête au premier tour.

    Selon un sondage réalisé par l’institut Harris Interactive pour le Parisien-Aujourd’hui en France, à paraître dimanche 6 mars, Marine Le Pen arrive en tête des intentions de vote au premier tour de la présidentielle avec 23 %.

    Elle devance Nicolas Sarkozy et Martine Aubry, crédités tous deux de 21%.

    Enquête réalisée en ligne par l’institut Harris Interactive du 28 février au 3 mars 2011. Echantillon de 1618 individus issus de l’access panel Harris Interactive, représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle de l’interviewé et taille d’agglomération et vote au premier tour de l’élection présidentielle de 2007.

    http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/sondage-presidentielle-marine-le-pen-en-tete-au-premier-tour-05-03-2011-1344656.php

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  2. Pingback: Le Pen au 1er tour, en tête. | Les coulisses de Sarkofrance

  3. Zemmour à la crème
    Avec toi, j’ai toujours du mal à distinguer le premier, du deuxième sexe.
    Sans doute, parce qu’il y a en toi un peu des deux. Je vais dresser le tableau pour qu’on s’y retrouve un peu, tous les deux…
    Pour nous autres, femmes, il y a trois options pour faire carrière : garce, pute ou prostituée.
    La garce, c’est celle qui te fait payer un service qu’elle ne t’a pas rendu… et qui finit toujours par te plaquer, parce qu’avec elle, tu es toujours à côté de la plaque.
    La prostituée te loue ou sous loue son corps en échange de quelques rubis… elle fait office de service public, et tout le monde y trouve son compte y compris le ministère des finances qui lui demande de rendre des comptes.
    Et enfin la pute qui vend son âme pour subvenir à ses besoins et perd toutes les parties en voulant à tout prix, gagner sa vie… parce qu’elle n’aime pas ce qu’elle fait et ne fait pas ce qu’elle aime…
    Et sous prétexte qu’elle n’a pas le choix, elle ne l’aura jamais…
    Pour vous autres hommes, l’arrogance au masculin, j’ai entrevu trois autres déclinaisons :
    Vous êtes ou pauvres ou faibles ou mesquins.
    Les pauvres ne peuvent pas faire autrement que ramasser les miettes et n’auront pas d’autre issue tant qu’ils croiront que la voie est sans issue.
    Pour eux, la vie est une question de survie, leur corps fait partie du décor.
    Les faibles, en revanche sont infiniment plus nombreux… Leur problème et le seul c’est qu’ils ont hypothéqué leurs âmes pour s’acheter une maison, gravir un échelon ou sauvegarder leur guenon.
    Les derniers, docteur Zemmour, ce sont les mesquins. Ce sont les pires, les vampires qui ont besoin de notre sang pour se nourrir. Ils nous en veulent d’avoir un sentiment… parce qu’ils sont hommes du ressentiment… qui pour x raisons en veulent toujours à leur maman de les avoir mis au monde avec un cœur artificiel et un faux cul…
    Ce tableau n’est pas plus noir que tes idées sur les barbares… Et pour ne pas te ressembler… je vais te dire que j’aime tout ce que tu fais… surtout quand tu fais semblant d’être un homme…

    http://www.lejournaldepersonne.com/2011/02/zemmour-a-la-creme/

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  4. La République est plutôt bonne fille avec les ex-ministres qui ont quitté le gouvernement. Ceux qui ne sont pas députés héritent souvent de postes prestigieux.

    Michèle Alliot-Marie va pouvoir retrouver son siège de député sans être réélue. Ce que lui permet la loi, ainsi qu’à tout ministre quittant un gouvernement. Auparavant, ils devaient se soumettre au suffrage des Français lors d’élections législatives partielles. Ils ne se privent presque jamais de profiter de cette automaticité.

    Ce fut le cas auparavant de Christian Blanc, éjecté du gouvernement pour cause d’achats dispendieux de cigares.

    Mais aussi de Xavier Bertrand, qui avait quitté le ministère du Travail, ou d’André Santini, à la Fonction publique. Cela leur permet de retrouver, en cumulant souvent avec un mandat local, une rémunération de 8 700 euros par mois, à laquelle s’ajoutent de nombreux avantages.

    Seule l’ancienne ministre du Logement, Christine Boutin, avait renoncé en 2009 à retrouver son siège de députée des Yvelines après son éviction du gouvernement, pour mieux accepter une mission sur la « dimension sociale de la mondialisation », rémunérée plus de 9 000 euros par mois, somme à laquelle une polémique l’a poussée à renoncer.

    L’attribution de missions est d’ailleurs devenue une forme de compensation assez courante.

    Michel Rocard et Alain Juppé en ont bénéficié en leur temps.

    C’est aussi le cas du maire de Sarlat et ancien ministre de l’Outre-Mer, Jean-Jacques de Peretti. Il s’occupe depuis janvier d’une mission sur la mise en œuvre de la réforme des collectivités locales. Il a été pour cela détaché du poste de conseiller d’État auquel il a été nommé en 2006. « Je ne perçois aucune rémunération supplémentaire pour cela. J’ai simplement un bureau qui m’est attribué », assure-t-il. Le rapport sera rendu en juin.

    D’autres choisissent aussi de devenir avocat. C’est par exemple le cas de l’ex-ministre des transports, Dominique Bussereau, qui donne également un cours à Sciences Po Paris. « J’attends la réponse du barreau de Paris. Je veux aider nos entreprises de transports à l’exportation dans des pays où j’ai eu l’occasion de les accompagner. Mais je respecterai la déontologie en n’intervenant pas sur le terrain national, afin d’éviter tout conflit d’intérêt. »

    Mais, pour de nombreux ministres, l’avenir passe aussi souvent par des nominations de prestige. Elles leur permettent de retrouver des rémunérations autour de 10 000 euros par mois (plus ou moins selon les postes) et un certain nombre d’avantages.

    Xavier Darcos a ainsi été nommé ambassadeur et administrateur à la tête de l’Institut français. Il n’a pas souhaité répondre à nos questions.

    Silence également du côté de Philippe Douste-Blazy, secrétaire général adjoint des Nations unies, chargé des financements innovants depuis 2008.

    Tout comme Rama Yade, promue à 34 ans ambassadrice de France auprès de l’Unesco – ce dont se sont offusqués plusieurs ministres, dont Luc Ferry, qui a officié à l’Éducation nationale. Elle n’est pourtant pas la seule.

    Fadela Amara a été nommée inspectrice générale des Affaires sociales ; Roger Karoutchi, ambassadeur auprès de l’OCDE.

    D’autres avaient aussi bénéficié avant des largesses de l’État. Par exemple Jean-Jacques Aillagon, en tant que président de l’Établissement public du château de Versailles, ou Martin Hirsch, président de l’Agence du service civique.

    http://www.sudouest.fr/2011/03/11/les-anciens-ministres-bien-recases-339113-652.php

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