Harcèlement de rue, questionnement

« Les maladies dont souffre ce pays sont d’abord un sexisme patent, brutal, institutionnel, omniprésent, systémique ; et un racisme patent, brutal, institutionnel, omniprésent, systémique ». C. Delphy

Le film de S. Peeters a le mérite de mettre en exergue un phénomène de la vie courante. Que tout le monde a pu constater. Le harcèlement de rue. On ne peut pourtant s’empêcher après le visionnage de ressentir un certain malaise (autre que celui provoqué par les insultes). Sur la pertinence d’un objet cinématographique dans le champ sociologique, sur la pertinence des choix et du contexte.

Marianne 2, dont on connaît les ambiguïtés sur les sujets sociétaux, reprend des propos que S. Peeters (étudiante en cinéma) a tenus sur l’antenne de la RTBF pour apporter une dénégation ferme à la portée xénophobe de son film : « C’était l’une de mes grandes craintes, comment traiter de cette thématique sans tourner un film raciste ? Car c’est une réalité : quand on se promène à Bruxelles, 9 fois sur 10, ces insultes sont proférées par un allochtone. Mais ces personnes ne sont pas représentatives de toute la communauté maghrébine.« 

Un allochtone. Mais non représentatif de toute une communauté. Précision utile. Mais qui n’apporte pas de solution au problème posé. S. Peeters n’a sûrement pas tourné un film raciste. Mais son matériau le devient. À l’usage. Le buzz a commencé autour du 31 juillet. Le site d’extrême droite (FDesouche) s’en est emparé avec gourmandise dès le 27 juillet. En reprenant même les citations anti-xénophobes de l’auteure. Mais peu importe puisque les images (fortes) sont là.

Autre remarque : on navigue en pleine sociologie de bazar. S. Peeters affirme que « s‘il y a une forte proportion d’étrangers parmi les garçons qui me font des remarques, c’est parce qu’il y a aussi une forte proportion d’étrangers parmi les populations fragilisées. » Deux propositions mises bout à bout pour dire quoi ? Que les « fragilisés », les pauvres ont une tendance au machisme plus forte que les riches. Que les gueux, de surcroit allochtones, sont moins polis que les nantis.

Pourquoi S. Peeters n’a pas tourné son film dans les quartiers chics de Bruxelles ? Où les seuls basanés qu’elle aurait croisés sont issus des consulats et ambassades. Y aurait-elle subi le même traitement ? C’est peu probable. Pourtant le modèle patriarcal y est-il moins présent ? L’œil masculin y est-il moins sournois ? Les remarques sexuelles et sexistes sont-elles plus polissées ?

Avec une actrice noire ou arabe, quelles auraient été les réactions ? Dans un quartier populaire ? Dans un quartier d’affaires ? On ne sait pas, on ne saura pas. Puisqu’il y a certitude d’avoir cerné le problème.

Enfin, comme le signale C. Delphy dans l’affaire des tournantes, où elle fait le lien entre racisme et sexisme : « L’effet global du discours est de produire une image dans laquelle le sexisme est le seul fait de ceux qu’on appelle « immigré de la deuxième génération (…) » ». Le modèle occidental sort encore une fois renforcé par ce type de document, à simple valeur médiatique. On décerne à cette civilisation (la blanche), à chaque fois, de façon tacite ou pas, un satisfecit, une marque de supériorité.

La question n’est pas d’excuser, de comprendre, d’avoir une quelconque empathie pour les frotteurs, les insulteurs, les déjantés qui se lâchent sur les filles « jeunes et jolies » pour reprendre la « pertinente » formule de Marianne. On devrait plutôt se demander pourquoi dans un tel contexte (européen), ce type de document acquiert une telle valeur. Un tel consensus qui va jusqu’à la droite raciste.

Pourquoi se rend-on compte à la faveur d’un film sur les autres (les allochtones) de l’existence d’un machisme violent de rue ? Comme si en Europe blanche la domination des femmes n’était qu’un monopole des « autres ». Et les images en témoigneraient. Pour reprendre la formule de classe d’ E. Badinter « Depuis longtemps dans la société française de souche (sic), que ce soit le judaïsme ou le catholicisme, on ne peut pas dire qu’il y ait une oppression des femmes ». Sans commentaire.

On ne pourra jamais lutter contre de telles images. Trop violentes pour prendre du recul. Devant le dilemme sexisme et récupération raciste, compte tenu de la puissance du document, le choix majoritaire est vite entendu. Un argumentaire rudimentaire suffit même à emporter la mise.

Au final, le conseiller municipal de Bruxelles a décidé de verbaliser les paroles sexistes dans les rues. Soit l’administration Bruxelloise joue l’enfumage, soit elle va devenir très très très riche.

Vogelsong – 2 août 2012 – Paris

49 réflexions sur “Harcèlement de rue, questionnement

  1. Merci pour cette article qui relève un peu le niveau des débats sur la question un peu partout sur la toile. Je m’y attendais en voyant les extraits du doc, mais c’est toujours consternant de voir à quel point un pseudo anti-sexisme est en train de devenir le cache sexe des racistes ordinaires (pour le coup alliés objectifs de l’extrême droite, (bien vu pour la citation de Fdesouche)).
    Bonne continuation!

    J’aime

  2. Précisons déjà une chose ; cela fait une dizaine d’années que le féminisme française se droitise et est récupéré par l’extrême droite. Qui a assisté à des discussions entre féministes au moment de la loi sur le voile comprend de quoi je veux parler ; il y a eu des scissions dont le mouvement souffre encore aujourd’hui. Voici un lien où je résume un peu la situation : http://www.crepegeorgette.com/2010/06/02/aggiornamento/

    La guerre menée contre les immigrés par le biais de l’islamophobie s’est emparée du féminisme et nous finissons par ne plus savoir que faire.
    On évoque le harcèlement de rue ? « ah mais ce sont les arabes » (je rappelle à ce sujet que le Mexique et le Japon ont instauré des transports en commun réservés aux femmes à cause du harcèlement de rue.
    La violence conjugale ? Quand quelqu’un au nom français l’aura commise, on parlera de folie et si c’est quelqu’un au nom maghrébin, on parlera de sa « culture mortifère »
    Les viols ? « commis à 100% par des arabes » (les sites type FDS ont monté de toutes pièces de fausses stats avec faux graphiques sur le sujet).
    En bref la droite et l’extrême droite se sont emparés de quasi tous les sujets féministes. Ainsi face au hashtag harcèlement de rue, nous nous sommes retrouvées à davantage expliquer que non le harcèlement n’est pas plus le fait des maghrébins/français d’origine maghrébine que d’autres qu’à débattre du sexisme. La pensée raciste par essence fascisante s’est emparée du féminisme et ainsi nous empêche de nous exprimer.

    Fallait il faire cette video ? je peux vous dire, moi qui modère des communautés internet que si elle avait été faite ailleurs cela n’aurait RIEN changé aux propos racistes ; ils auraient simplement dit « ah regardez on vous ment on met des de souche alors qu’on sait bien que ». la pensée raciste n’a pas besoin de preuves, elle se nourrit de complots, de sous entendus, de créations. Ainsi par exemple j’ai pu comparer la différence de réactions entre l’affaire Dufflot et celle-ci ; ils étaient tout prêts à excuser et comprendre les députés et à jurer qu’il n’y avait pas l’once d’un sexisme là dedans alors qu’il y est évident que dans cette video ci…
    moi je constate que cette video a aussi permis de libérer la parole des femmes sur le harcelement de rue. certes on tente de récupérer cette parole à des fins racistes ; mais à nous de ne pas le laisser faire.

    J’aime

    • Pas grand chose à ajouter. Pour la libération de la parole on est d’accord.
      J’ai, à dessein, concentrer mes efforts sur le côté sombre du sujet.
      Je suis tordu. (je sais)

      J’aime

  3. À mes yeux c’est pas que le lieu qui est problématique, c’est toute la narration du documentaire. Quand on fait ce genre de témoignage, il faut pas non plus trop de connaissances dans le domaine du documentaire ou en sociologie pour comprendre que les témoignages bruts et nus n’existent pas. Personne ne remet en cause la possibilité même de faire un docu sur le harcèlement de rue, simplement il faut un minimum de travail sociologique derrière pour comprendre les phénomènes de ségrégation sociale et raciale de l’espace public, ainsi que les dynamiques qui régénèrent et freinent le féminisme dans la poursuite de ses objectifs. Pourtant Sophie Peeters savait par avance, puisqu’elle disait le craindre, que le féminisme est bouffé par les récupérations racistes et droitières (qu’elles soient cosmétiques ou carrément haineuses), et pourtant elle n’a rien fait pour développer un propos un peu déconstructionniste. Au lieu de désamorcer la bombe raciste en substituant la catégorie politique de race à la catégorie essentialiste de race, elle en est restée à une naïve confiance dans le fait que les gens sauraient déchiffrer que ça concerne tout le monde. Mais que ça concerne tout le monde n’enlève en rien à la gestion raciste et postcoloniale de l’espace, des discours et d’à peu près tout ce que font, disent et représentent les populations racisées dans notre cher ex-empire colonial appelé France.

    Enfin, je ne pense pas que ce soit uniquement un problème de droitisation du féminisme. Car si le féminisme peut se droitiser c’est aussi qu’entre la « gauche » féministe et l’extrême droite récupérant le féminisme il y a une communauté d’intérêts blancs, ainsi qu’une co-appartenance à un privilège épistémologique qui permet de s’enthousiasmer spontanément en voyant une telle initiative sans immédiatement voir ce qu’il y a de problématique là-dedans.

    J’aime

  4. Crêpe Geogette est l’incarnation même de ce féminisme bourgeois et blanc dont il faut se débarrasser une fois pour toute, il ignore ce que signifie dans la pratique « intersectionnalité » (et n’a aucune idée de ce qu’est l’imbrication des dominations in concreto), ce « féminisme du Spectacle et de la marchandise » est le bras armé aujourd’hui du racisme d’Etat, ne serait-ce parce qu’il trouve une affinité naturelle avec les appareils idéologique d’Etat, il permet également de consolider les Empires, les Afghanes en savent quelque chose…. Si elle pouvait également cessez de se réclamer grotesquement de Christine Delphy dont elle n’a décidément rien compris, Madame Delphy n’a pas mérité ça !

    J’aime

  5. Ce billet est accablant de bêtise. Durant le documentaire on voit très bien qu’il y a aussi des blancs qui profèrent des remarques sexistes à son encontre. Mais visiblement vous préférez hurler au racisme tout en oubliant complètement le sujet de départ du documentaire. Je ne félicite pas non plus les premiers commentaires qui ne font qu’abonder dans ce sens.

    Pour répondre à une de vos interrogations: que se serait-il passé si « l’actrice », comme vous dites, avait été noire ou arabe (et pourquoi pas asiatique?!) ? Il se serait passé exactement la même chose: une agression verbale (et parfois même physique) juste à cause de son apparence.

    J’aime

  6. Je suis halluciné par les mots employés dans certains commentaires. Va donc parler de « déconstructionisme » aux filles qui se font emmerder tous les jours dans la rue. Comme le dit Crêpe Georgette, deux points : 1/ de toute façon les théories racistes n’ont pas besoin que le documentaire soit « blindé » pour tourner dans leur coin. Que faire sinon ? Mieux « penser » le documentaire, et enlever par exemple tous les protagoniste « d’apparence allochtones » ? Absurde. 2/ « cette video a aussi permis de libérer la parole des femmes sur le harcèlement de rue.  » Voillà qui est simplement et bien dit.

    J’aime

  7. Il y a juste un point que je voudrais ajouter: oui, on se fait draguer et aborder aussi dans les quartiers chics, est-ce qu’il faut appeler cela du harcèlement? Je ne crois pas nécessairement.
    Cela en devient quand il y a une menace physique indubitable et des insultes.
    Est-ce qu’on se fait toujours siffler par des ouvriers du bâtiment? Oui.
    J’avoue que tout cela laisse perplexe…
    http://spartakiste.blogspot.com

    J’aime

    • est-ce qu’il faut appeler cela du harcèlement?

      quelqu’un aurait une réponse à cette question … merci :D

      Tout ce tralala est étroitement lié à la supériorité que prétendent certains sur les autres et veulent absolument l’actualiser quotidiennement … merci Vogelsong pour l’article

      les rapports de force ne sont plus les mêmes hein

      J’aime

  8. On peut pointer la maladresse de ce documentaire. Le premier film d’une étudiante qui ne s’était pas imaginée que ce film se retrouverait au-devant de la scène, repris encore plus maladroitement par les médias. Médias qui en ont repris quelques extraits choisis et enrobé d’un discours populaire, voir populiste. Pour ma part je pense que cette jeune fille vivait un quotidien dans un quartier où nous ne pouvons nier les problèmes de harcèlement envers les femmes et les homos. Nier cette réalité a quelque chose de malsain. Elle a fait ce film dans un esprit cinéma direct. La vie telle qu’elle est, sans voix off, sans commentaire, sans analyse. Elle a filmer et partager un vécu, un ressenti. C’est une esthétique qui a connu un certain succès pour d’autres films. Cette jeune réalisatrice avait un propos : son quartier et le rapport qu’elle a avec lui. Aujourd’hui elle prend conscience de cette récupération. Le réveil est je pense douloureux car cette jeune femme n’est pas raciste, certainement pas. Ce film alimente malheureusement les arguments des deux extrêmes ceux de l’extrême droite et les groupes radicaux musulmans qui soit se victimisent soit lancent un appel à la haine contre la réalisatrice. Au final Sophie Peeters se prend un grand retour de manivelle. Harcelée aujourd’hui par les médias. Pour ma part je ne lui jette pas la pierre. Je regrette juste que peu de gens prennent le recul nécessaire face aux images qu’ils reçoivent et se jettent sur les réseaux sociaux pour lyncher une jeune femme dont ils ont vu 40 seconde du film. Le film est maladroit certes mais pas condamnable!

    J’aime

  9. Est-ce qu’on se fait toujours siffler par des ouvriers du bâtiment? Oui.
    Et 1 mec en porsche qui s’arrête pour te proposer d’aller boire un café? c’est mieux? Plus flatteur? Mon oeil!
    Toutes les catégories sociales sont concernées. Et toutes ces attitudes nous foutent la gerbe. Quelque soit le milieu, allochtones ou pas. Je trouve pour ma part que l’argument du racisme est fort de café et pervers. C’est une façon de détourner le débat et le transposer encore et toujours sur les mêmes. Parce que les « blancs » ne sont pas en reste. en ce qui me concerne, les seuls harcèlements de rue dont je peux me souvenir ne viennent que d' »allochtones blancs ». Pourtant, il fut un temps où j’ai vécu très très proche d’une rue essentiellement habitée par des musulmans où les commerces étaient quasi tous tenus par des musulmans et j’arrive pas à me rappeler un tel type de comportement. Et je l’ai fréquentée quotidiennement cette rue. Par contre des connards de blancs, des Français bien français qui ont pu m’agresser verbalement, ou se permettre des remarques déplacées dans la rue parce que tel jour t’es pas au mieux de ta forme ou que tel l’autre t’assure, alors là…
    J’ai parfois l’impression que les hommes s’autorisent tout, absolument tout, qu’ils n’ont pas de limites. Enfin certains hommes. Pas tous heureusement. Mais une majorité quand même.

    J’aime

    • Eternelle ambiguité…
      Celle des femmes qui pestent parce qu’elle se font siffler par des peintres en bâtiement et qui, trente ans plus tard y repensent avec nostalgie et regrettent de ne plus l’être…
      Ce qui était pris comme une insulte vaguement salace est considéré quelques décennies plus tard par les mêmes comme un hommage qu’elles aimraient voir encore rendu.
      Je parle là de l’expérience sur près de cinq décennies.
      Et de femmes que je connais, dont mon épouse préférée et unique, qui sont des féministes mais ne considèrent pas systématiquemenjt que les 3.5 milliards de mâles de la planète sont prêts à violer et maltraiter les 3.5 milliards de femelles de ladite planète ou que les relations entre hommes et femmes doivent obligatoirement tourner au pugilat.
      De même que « la beauté est dans l’oeil de celui qui regarde », je me demande si la crasse n’est pas dans le cerveau de celui ou celle qui juge.
      Je ne suis pas sûr que S.Peeters ait délibérément fait un film raciste ou xénophobe.
      Je comprends bien qu’elle soit ulcérée par des vannes insultantes ou d’être prise pour une professionnelle du câlin tarifé.
      Cela dit, elle aurait pu remarquer avant de faire son film que la misère, qui est une cause première d’émigration, est aussi une des raisons premières de l’absence d’éducation et par conséquent du manque de respect de l’autre et du côté approximatif des usages à respecter…
      « On ne naît pas femme, on le devient » disait Madame de Beauvoir.
      J’ajouterais de même, « on ne naît pas homme, ça s’apprend » ça s’appelle l’éducation, et tout le monde n’a pas la chance d’y avoir accès.
      Que des hommes dits « bien élevés » soient de véritables porcs envers les femmes (et généralement d’autres hommes) n’y change rien, c’est une évidence et c’est inexcusable.
      Et à mon avis bien plus grave que les propos graveleux tenus par des ignorants, car eux savent.
      C’est bien connu, « il n’y a péché que s’il y a connaissance »…

      J’aime

      •  » Cela dit, elle aurait pu remarquer avant de faire son film que la misère, qui est une cause première d’émigration, est aussi une des raisons premières de l’absence d’éducation et par conséquent du manque de respect de l’autre et du côté approximatif des usages à respecter… »
        Ce raisonnement est plus que discutable et de mon point de vue  »raciste » aussi, associer la misère ( »cause première d’émigration ») au manque d’éducation me sidère… Mais l’éducation même  »bonne », est ultra majoritairement sexiste et cette catégorisation n’a pas de corrélation avec la classe sociale. De fait, dire que les pauvres sont moins bien éduqué-es, ou que les ouvriers du bâtiment sifflent plus les filles, vu la sur-représentation de personnes racisées dans ces pseudo-classes est en partie raciste, les ouvriers du bât. sifflent quand illes sont en groupe, prenez une équipe de foot  »de souche » le comportement sera le même, et quasi aucun individu isolé de son groupe n’aura la même réaction.
        Pour le petit bourgeois qui propose un café en croisant une fille habillé dans les canons de la séduction  »moderne », cela équivaut à un sifflement si il ne propose même pas un regard à la même fille arrangée moins à son avantage selon les canons de beauté. La soi disant bonne éducation fait accepter ça comme une marque de respect et d’intérêt gentil pour la fille mais le raisonnement est exactement le même:  »Une fille doit s’habiller de manière séduisante pour que je m’y intéresse, si elle se plie à cette injonction je peux tenter le coup (sous entendu elle est déjà soumise) » Évidemment beaucoup de filles ne s’habillent pas ainsi pour cette finalité mais parce que cela leur plaît, même si on pourrait discuter de la pression sociale orientant ce choix.

        J’aime

  10. Pingback: Où en sommes avec notre liberté ? « Mieux vivre sa vie

  11. Ah ce harcèlement, ces insultes, ces remarques sexistes ou homophobe. Ben oui dans les quartiers populaires c’est dans la rue, l’espace public: petit con blanc ou racaille homophobe : même combat dans la connerie et moisissure du cerveau.
    Et chez les autres, c’est où ? dans la sphère privée, à l’abri des regards (mais pas toujours des oreilles des voisins). Donc là ça va être compliqué de faire un film ( sauf si Strip Tease).. Et sinon la prière contre le mariage pour tous le 15 aout: ça sera des « aliens » de quelle couleur ?

    Ca me rappelle ce que des flics de police secours m’avait expliqué un jour : les violences conjugales sont de même nature et de meme importance en nombre dans les arrondissements parisiens. Mais c’était il y a 6 ans, il me faudrait mettre à jour ce point.

    J’aime

  12. Pingback: De l’ordre pour contrer la haine - Le blog de Louis Lepioufle -

  13. Pingback: #harcelementderue et ma fille de 14 ans | Coulisses de Juan

  14. Et si on ne s’occupait pas de savoir la race du harceleur de rue ?
    La fille qui est harcelée -vraiment harcelée, menacée, il ne s’agit pas de drague lourde, là- elle s’en fiche pas mal que le ou les types qui l’insultent, la poussent, lui mettent les mains au cul, soient noirs ou blancs russes ou auvergnats. Elle veut marcher d’un point a à un point b librement, comme marcherait un homme. Si des connards vont plus loin que la drague et le petit importunage, et font qu’elle hésite à sortir seule par exemple, il faut punir ces connards. D’abord un petit peu puis plus sévèrement s’il le faut. Qui qu’ils soient, d’où qu’ils soient, quelles que soient l’heure et la rue où ça se passe.
    Pourquoi ce serait plus compliqué ?
    Les femmes doivent avoir les mêmes droits que les hommes, dont celui de circuler librement. Les hommes qui l’en empêchent se mettent hors la loi. Vive la loi contre le harcèlement pour tous et pour toutes, donc.

    On a l’impression, à lire certains commentaires, de beaucoup de précautions de langage pour des comportements répréhensibles. Elles ne seraient pas un peu racistes, ces précautions, par hasard ? Qu’avez vous besoin de rappeler, si l’on parle de harcèlement de rue, qu’il y a d’autres formes de harcèlement dans les « beaux » quartiers ? Oui et alors ? Si les hommes des beaux quartiers ou les ploucs creusois avinés au sortir de la discothèque se mettent hors la loi, cette loi est pour eux aussi.
    Pour tout le monde. Il y aurait quelque chose de gênant là dedans ?

    Si une fille qui fréquente les bals et les boites de nuits fait un petit reportage sur la lourdeur des dragueurs ruraux, vous allez aussitôt dire que, attention, c’est pareil partout, qu’il faut voir comment ça se passe en banlieue, qu’il ne faut pas stigmatiser les ruraux de souche, que ça va être récupéré par les extrême-cons de je ne sais pas quel bord…. Non, n’est-ce pas ?

    Si vous avez tant peur que ça que des lois (avec arrestations et sanctions à la clé) concernent surtout une catégorie de population, au secours de laquelle vous volez par avance tout en disant qu’elle est loin d’être seule concernée, c’est que vous attribuez à cette catégorie de population toute entière des comportements sexistes dont elle n’est pas la seule coupable. De quel côté sont ceux qui trouvent le documentaire « maladroit, malvenu, appeau à racistes ». Du côté du droit des femmes à marcher librement dans la rue, à travailler sans épée de Damoclès sexiste au dessus de la nuque et de main au cul, ou bien du côté du bon vouloir des hommes à manifester leurs prérogatives de mâles impérieux ?

    J’aime

  15. quelques petites remarques, en vrac.. J’aime le désordre quand je réfléchis. :)

    – sur la « violence » du docu : ce n’est pas très neuf de reprocher à la TV de produire de la violence. Après, il faut s’entendre sur l’acception de « réalité » là dedans. Pour celle qui l’a fait et ceux qui l’ont vu, on est bien dans la description d’un réel. Il ne sert donc à rien de nier cette évidence, sauf à passer une fois de plus pour des bisounours adeptes du déni..

    – j’aimerais aussi redire que c’est une fable de considérer qu’une catégorie de la population peut avoir des comportements semblables et immuables.. Il n’existe pas dans ce pays une colonne de musulmans qui voudrait abattre la république, mettre le voile à toutes les femmes et qui poserait problème à notre société. Tout comme je ne crois pas qu’il existe une nationale française du machisme, avec ses codes, son idéologie… Ce sont des fables qui permettent, au bout du bout, d’entrer confortablement dans une logique de « bouc émissaire », que l’on se doit de rejeter car elle est d’une facilité intellectuelle crasse..

    – ceci posé, on peut quand même noter qu’il y a des comportements individuels dans certains quartiers ou communautés qui sont violents.. Sur un sujet connexe, il y a quelques semaines, Le Nouvel Obs avait réalisé un dossier (très décrié) sur l’antisémitisme dans les quartiers défavorisés. Dossier qui a aussitôt été récupéré par l’extrême-droite pour stigmatiser la communauté musulmane.. Est-ce à dire qu’il ne fallait pas en parler ? Non… Car si le constat est partagé (la fameuse réalité), la divergence absolue entre « gauche » et « droite » porte sur les solutions à apporter pour tenter de résoudre ces problèmes : d’un côté, un panel de solutions nuancées qui iront du bûcher au charter .. de l’autre, une réplique qui englobera répression, éducation, prévention… Ce qui, convenons-en, n’est pas la même chose.

    – enfin, un souhait personnel en rapport avec ce que j’ai pu lire sur ce sujet précis du harcèlement de rue : il me paraît évident que l’arsenal législatif et répressif doit évoluer pour sanctionner plus durement le harcèlement et les violences faites aux femmes… Mais ceci c’est pour la réponse globale.. ce que j’aimerais, au quotidien, c’est que toutes les filles qui ont une sensibilité féministe se mettent en cohérence dans leur vie quotidienne avec leur pensée : basta la cuisine en solitaire quand le copain est affalé dans son canapé. Halte au ménage en solo quand monsieur va faire du foot avec ses potes.. L’éducation du mâle dominant passe aussi par des petits détails de la vie quotidienne qui doivent être éradiqués, si l’on veut, un jour, se sortir le cul des ronces de ces comportement abjects.

    J’aime

  16. Pingback: [Blog] Harcèlement de rue, questionnement - Piratage(s) | Saemo 69 : revue de presse (30 juillet-3 août) | Scoop.it

  17. C’est bizarre. Les femmes françaises sont bizarres. C’est si agréable de se parler dans la rue. C’est évident pourtant, que le climat ultra-sexué de la moindre pub pour du dentifrice, couplé à la bien trop haute idée que ces gens se font d’eux-même, produit de la frustration.

    Comme plus personne ne lit et s’abreuve d’âneries télé et facebook à longueur de journée, forcément les échange urbains sont comment dire, bruts.

    De ces dernier facteurs, tout le pays est responsable. Les femmes, les hommes, tout le monde en
    France est coupable de cette désertification des rapports humains.

    Souhaiter préserver cet environnement (« je suis une princesse, et seul mon prince peut m’approcher, arrière, manant, comment oses-tu ») est carrément comique à force de stupidité, couplé à cet autre tropisme qui consiste à considérer la rue comme un couloir de son appartement.

    Sans compter que bon, les rapports hommes-femmes, la séduction, le cul, tout ce cirque, c’est pas non plus si tant super important, non ? Comment mademoiselle, que dites-vous, si si ? Ah ben c’est pour ça alors. Considérer comme central ce qui n’est finalement qu’un détail trivial, après faut pas s’étonner que ça pète. Ce raisonnement marche dans d’autres domaines complètement cramés de la vie en France.

    Il n’y a vraiment pas de quoi être fière de ce qu’on est devenus, et cette péronnelle à Caméra, avec ses histoires de d’allochtones et ses circonvolutions pseudo-socio même pas valables dans une basse-cour, se barbouille de ridicule sur un nombre impressionnant de niveaux. que souhaite-telle préserver, au juste ? Elle trouve que la société est parfaite, mais qu’on se fait trop aborder dans la rue, est-ce que j’ai bien compris?

    Ce genre de fille, je suis désolé hein, mais dans la littérature classique, ça s’appelle une épouvantable pétasse.

    Acheter un billet d’avion.
    Partir.
    Attendre un peu.
    Constater à quel point elles ne vous manquent pas
    Attendre longtemps.

    J’aime

      • Ben oui, c’est quoi cette question ? C’est une façon sophistiquée de me dire que vous, vous ne pensez pas comme moi ? On avait compris hein, il suffit de lire votre billet. N’oubliez pas de le linker à toutes vos copines.

        Je vais vous dire ce que je pense : Plus les femmes occidentales deviennent inapprochables, et plus les circonvolutions des hommes pour les sauter deviennent pathétiques.

        Je pense que ce que souhaitent ces gens, ce n’est rien de moins qu’une atroce police des mœurs, qu’ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils rêvent d’une égalité homme-femme qui n’est ni possible, ni sans doute même souhaitable.

        Je pense que notre animalité est réelle, qu’il y a de bonnes raisons pour lesquelles une femme désirable est désirée, et que ce que certains appellent de leur vœux comme une montée en civilisation est en fait une régression. Ce ne serait pas le premier symptôme observable du suicide de l’humanité.

        Je pense que les hommes sont victimes eux aussi de cette soumission à leur chair.

        Je pense que la poussée à l’extrême de la violence du processus de séduction (car oui, insulter une passante parce qu’on a envie d’elle, c’est ça : Une corruption) n’est pas le seul fait des hommes, et que la violence dont usent les femmes dans ce domaine est d’autant plus insupportable qu’elle est parfaitement inassumée (« moi, violente? »)

        Je pense, pour finir, que tout ça c’est des conneries, qu’il y a des choses bien plus importantes / intéressantes, et que quand on en est réduit à discuter de ça, au café, entre amie(s) c’est la misère.

        J’aime

  18. se faire siffler dans la rue est spécifiquement féminin. De même être sollicité visuellement ou aguiché par des femmes très déshabillées dans la rue est spécifiquement masculin.

    Cela doit être compris. Que ce soit culturel ou biologique les hommes cherchent les femmes à leur manière. Les femmes cherchent les hommes d’une autre manière

    il faut filmer les femmes, leur pouvoir de séduction, l’effet sur les hommes, et définir là aussi un standard du pouvoir féminin des femmes dans la rue. Les femmes ont le droit de marcher dans la rue habillée comme elles en ont envie. D’accord. Mais si cela produit de l’effet, que doit faire l’homme? Agitez une femme avantageusement dénudée devant un homme, que se passe-t-il?

    Alors ne faudrait-il pas aussi neutraliser le pouvoir féminin de la séduction par le maquillage, par les jupes courtes, les bustiers avantageux? Car en réalité la rue est un lieu de pouvoir autant féminin que masculin. Au «pouvoir» de la drague répond le «pouvoir» de la séduction.

    J’aime

  19. Je n’ai pas lu les commentaires, il manque un résumé.
    Allochtone est un mot employé plus fréquemment en Belgique, c’est un mot courant, plus qu’en France, d’après mon expérience.
    Pour le reste, les racistes sont racistes et lisent donc le monde avec ce filtre devant les yeux. Ils verront toujours un endroit où accrocher la justification de leurs aigreurs.
    Si on en tient compte, on ne peut plus rien faire.
    Au contraire, j’ai l’impression que le documentaire a mis sur la table le sujet, que la parole porte et ça, c’est déjà énorme !
    :-))

    J’aime

    • J’ai fait l’impasse sur la liberation de la parole. Sujet abordé dans 659 billets publiés avant celui-ci.
      Il est évident que c’est primordial.
      J’ai axé ma réflexion sur la forme du matériau, et la façon dont il était « utilisable » par d’autres, pour d’autres causes. Moins louables.

      J’aime

  20. Au cas où cela intéresserait des gens, 4 articles qui approfondissent à leur manière (sachant qu’il y en a encore beaucoup d’autres en stock) :

    – « Femmes de la rue, oui mais lesquelles? » : http://mouvdf.blogspot.fr/2012/08/femmes-de-la-rue-oui-mais-lesquelles.html
    – « La femme fétiche de la régression » pour la revue Multitudes, par Anne Querrien et Monique Selim : http://multitudes.samizdat.net/La-femme-fetiche-de-la-regression
    – « Comprendre l’instrumentalisation du féminisme à des fins racistes pour résister » pour la revue Contretemps par Capucine Larzillière et Lisbeth Sal
    – « Féminisme et antiracisme : savoir d’où l’on part pour savoir où aller » [critique de la gauche et surtout de l’extrême gauche] pour la revue Contretemps, par Marie Papin and Thomas Voltzenlogel http://www.contretemps.eu/interventions/f%C3%A9minisme-anti-racisme-savoir-o%C3%B9-part-savoir-o%C3%B9-aller

    J’aime

  21. Pingback: Harcèlement de rue : Bruxelles, Le Caire, même combat ? « le blog de polluxe

Laisser un commentaire