Les dessous d’un sommet social

« Pauvres laborieux ou infirmes, c’est toujours votre lutte contre ceux qui disent encore: Travaillez beaucoup pour vivre très mal. » G. Sand

 Les us et coutumes de la République sont tels. Le président convoque les partenaires sociaux, pour donner une impulsion à la politique économique du pays. Qui va très mal, soit dit en passant.

Les us et coutumes de la République sont tels. On singe le consensus, le dialogue entre partenaires. Eric Hazan l’a démontré dans son ouvrage LQR. Il ne faut pas croire ce que l’on entend, ce que l’on dit. Ce n’est pas parce qu’un chambellan baptise une rencontre en associant deux mots « sommets » et « social » que l’affaire est entendue. En d’autres termes qu’il s’agit d’une étape cruciale dans la vie du pays et qui plus est, dans le segment de communication politique que l’on nomme vulgairement aujourd’hui le « social ».

Ce n’est donc pas, parce que les journalistes rabâchent au premier degré (car ils y croient) le vocable de « sommet social » que l’évènement a du sens. La portée de ce type de rencontre tient à l’importance qu’on lui donne. Au sérieux qu’on lui porte. Qui peut croire aujourd’hui qu’une telle pantomime puisse produire un quelconque effet sur la cohésion nationale ?

La perte de légitimité de toute la sarabande d’egocentriques participant au « sommet social » est aux limites de la crédibilité. On fait mine de donner une vraisemblance à la représentation, en oubliant le niveau de désynchronisation entre les officiels et la base. La pièce qui se joue sous les lambris du château participe à la mise en place d’une stratégie de légitimation qui perdure mais s’essouffle. Que viennent quémander les représentants syndicaux, dont la fonction première consiste à garantir les droits des travailleurs, du plus grand nombre ?

Alors qu’il y a juste un an, ils ont failli dans la mère des batailles sur l’acquis de 1981, la retraite à 60 ans. Que viennent quémander les patrons des centrales syndicales à un pouvoir qui, trois jours avant le rendez-vous fait donner ses voltigeurs (L.-M. Châtel et G. Longuet) en remettant en question de la 5e semaine de congés payés ?

Pourquoi se rendre à une pantalonnade « sociale » sinon pour y trouver une (autre) légitimité, non pas des travailleurs (qui ont fui depuis belle lurette) mais du pouvoir ? Qui peut penser sérieusement que les représentants du patronat vont trouver des solutions à l’agonie de l’économie française ? Et dont la seule et unique obsession se trouve concentré dans le terme valise de « compétitivité ». La plus grande escroquerie économique et sémantique de cette crise.

Sous les joyeux auspices de la concurrence on peut tenir à la fois le discours des rémunérations mirobolantes pour les capitaines d’industrie sous peines de la voir passer à l’ennemi, et prôner (dans le même temps) la modération salariale sous peine de contempler tristement les délocalisations inéluctables. Un paradoxe qui ne trouble apparemment personne…

Qu’un gouvernement, enfin, en dessous d’à peu près tout en ce qui concerne les affaires et la gestion de l’Etat, puisse encore, juché sur ses ergots faire comme si tout était sous contrôle. Faire comme si en ne changeant fondamentalement rien, on aller changer le cours des choses. En d’autres termes en fixant comme horizon connu l’austérité pour des impératifs de compétitivité.

La mise en place d’une TVA dite sociale, entre pleinement dans ce théâtre d’ombres, où tout n’est que concepts, adjonction de termes, oxymorons, pour vendre du mieux que l’on peut, une marchandise frelaté à un consommateur de politique qui au fond de lui n’y croit plus. Ce gouvernement qui organise des réunions factices, dont s’amuse la galerie, n’a qu’une seule préoccupation : préserver ce qui lui reste de chance de se perpétuer par les urnes. En misant sur la lassitude, la démotivation.

Vogelsong – 18 janvier 2012 – Paris

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4 réflexions sur “Les dessous d’un sommet social

  1. Sarkozy ne représente plus rien , les syndicats ouvriers n’en parlons pas , seuls les syndicats patronaux représentent une force , et elle se sent !
    Madame Parisot rayonnait à la sortie de ce sommet des chefs ! Sans rien apporter de plus , elle va pouvoir avec ses collègues , bénéficier de réductions significatives de charges !!
    Pour les employés ,les ouvriers , RIEN !
    Quant aux chômeurs ils « bénéficieront » de remises à niveau , de stages de formation ! Quand le pouvoir n’a rien à dire ou à proposer , quand il est acculé , il nous ressort à chaque fois LA formation , celle qui résoudra tout ! Vous n’aurez pas d’emploi mais vous serez formé ..pour ne rien faire !
    En d’autres temps Chirac avait parlé lui aussi de « fracture sociale » à quelques jours des élections …alors qu’il en était largement responsable !
    Sarkozy et son sommet social devenu sommet de crise ( c’est plus sérieux) veut nous faire croire qu’il reprend la main ..à 100 jours de l’élection .
    Il avait pourtant expliqué que la crise était la faute à l’esprit de 68 , aux 35 heures , aux immigrés , aux chômeurs , à ceux qui ne se lèvent pas tôt le matin . On allait voir ce qu’on allait voir et il avait ,dans un élan de « lucidité » ,résumé son quinquennat à un slogan « travailler plus pour gagner plus » , sous-entendu chacun pour soi , ceux qui un boulot s’en sortiront ( peut-être) , les autres crèveront à petit feu !
    Résultat , on mourra tous si Sarkozy rempile !
    Mais malheureusement , dans le même temps , il a décrédibilisé la parole politique pour longtemps à tel point que nous voyons refleurir les chevaliers blancs comme Marine Le Pen ou Bayrou , l’une dénonçant les « tous pourris » sauf elle bien entendu telle Jeanne La Pucelle dont le FN s’est accaparé le symbole , l’autre se croyant propriétaire du « ni droite ni gauche » , autre slogan à la con qui tenterait de faire croire qu’il ne faut jamais prendre position !
    Le bel avenir qui se dessine devant nous ! Espérons seulement que la campagne de Hollande , Mélenchon ou Joly sera d’un autre niveau .

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  2. Déjà, y a comme un malaise dans l’acceptation « générale » des deux termes « partenaires sociaux ». Le jour de gloire sera arrivé quand un des « partenaires » se proclamera « adversaire ».
    En attendant, lisant « Le Monde », je vois que tous ont accepté de se rendre à ce Sommet en sachant pertinemment qu’il ne servira que de caution à notre Chef bien-aimé. J’ai lu aussi que Bailly était pote à X.Bertrand, que c’est Borloo qui a joué les Intermédiaires avec Thibault et que c’est Gérard Larcher qui fait la chochotte avec Chérèque.
    Allez, crions encore : « Tous Ensemble ! Tous Ensemble ! Ouais ! »

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