La vidéo des propos racistes de B. Hortefeux n’a pas fini de faire des dégâts. Sauf pour le principal intéressé qui squatte encore son poste de ministre. La pression d’Internet force les médias « mainstream » à sortir de leur réserve habituelle. Montrer une sommité de l’Etat sous un jour crasseux gêne beaucoup le journaliste plan-plan. A. Duhamel dispose à son aise de colonnes ouvertes dans le journal centriste Libération. Aigri et dépassé il y dépeint une dictature de la transparence où le web serait, avec son immédiateté et son amateurisme, un Léviathan pour les libertés.
A. Duhamel en digne représentant du « journalisme à papa » ne lésine pas sur les poncifs. La bile qu’il déverse dans son « rebond »* démontre l’incapacité du birbe plumitif passeur de plats des puissants à penser autre chose qu’une information tempérée. Il fustige en premier lieu l’amateur. Pour ce briscard des canapés de saumon, une bonne information est une information passée au mixeur de la « bien-pensance » de l’éditorialiste de cocktails. Rabâcher le recul nécessaire à la distillation d’une information intelligente relève d’une atterrante lapalissade. Malheureusement, l’information salace sur les « prolos » du Nord (par exemple), marketisé pour les annonceurs n’a pas attendu le web, ses amateurs, et sa théâtralisation pour être un attrape crétins. Sous l’influence de l’Internet, il affirme « c’est de l’information sauvage, du journalisme barbare, de la traque totale ». A. Duhamel confond tout, mélange vie publique et vie privée. Dans l’affaire Hortefeux, l’Internet a juste permis de révéler le racisme ordinaire d’un hiérarque de la République déambulant parmi les siens lors d’un évènement politique (le campus de l’UMP). Un scoop que la chaîne parlementaire du placardisé et néo-sarkozien G. Leclerc a voulu taire. (On se demande pourquoi ?).
Finalement, ce qui effraie A. Duhamel c’est que l’on puisse penser qu’ils (lui et les éditorialistes installés*) ne fassent pas le boulot. Ils cumulaient confortablement la double casquette, de phare de la démocratie pour le public et de communicants de confiance pour le pouvoir. Magnifier le puissant et résister aux gueux, tel est le crédo d’A. Duhamel. Fustiger le spectacle sans nuire au story-telling. B. Hortefeux se fait passer pour un père tranquille chez M . Drucker, un peu rigide, mais cela plait aux ménagères. Un drame depuis l’avènement des nouveaux média, sous la pression, l’information jaillit. Pis, elle est révélée par ceux qui voulaient la retenir. Forcés qu’ils sont de ne pas perdre la face. A. Duhamel s’insurge alors, contre cette immixtion du web sur le terrain balisé de l’information pré pensée. Finies les petites critiques en contrepoint des hagiographies. Lui qui ne s’est jamais révolté contre la misère, la précarité, la pauvreté.
Ce balladurien de racine se révèle en justicier de la presse vraie et vérifiée. Car tout le monde le sait, la presse recoupe toutes ses informations et ne truffe jamais ses articles ou ses reportages. Sur TF1, Le Figaro ou M6 tout est frappé du sceau de la déontologie. Ce fabuleux prétexte.
Maquiller la transparence en « œil inquisiteur » de la part d’un omniprésent multicarte prête à sourire. L’opacité signifie sauf-conduit dans les méandres du pouvoir médiatico-politique. Les petits secrets graveleux de la politique sont connus du cénacle médiatique. Tout le monde sait que B. Hortefeux est une petite frappe xénophobe. Et même spécifiquement payé pour ça. Que serait le dignitaire A. Duhamel sans ses petits secrets bien gardés ? Un scribouillard moyen, un intervieweur fade. Ce qui lui permet d’exister, c’est ce qu’il ne divulgue pas et ce qu’on lui permet de distiller, goutte à goutte, pour en faire ce qu’il est. Un porte-voix médiatique et politique. Voir tout ce petit monde porter secours à B. Hortefeux est pathétique, mais révélateur. Mais si par le plus grand des malheurs la transparence s’imposait (grâce au web), ce petit monde clos, qui a peur maintenant, vivrait une révolution sans précédent : pertes de plumes, de statuts, d’émoluments.
Bénie soit l’opacité !
Vogelsong – 17 septembre 2009 – Paris
*Libération du 17 septembre 2009
**J. P. Elkabach, L. Joffrin, E. Fottorino, C. Barbier, P. Val, liste non-exhaustive
C’est dit, et bien dit !
Quand on ne comprend plus le monde que l’on est (grassement) payé pour décrire, une bonne solution : la retraite ! D’autant qu’à 69 ans, même les pires « réformistes » de l’UMP ne pourront pas le blâmer !
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Il est sûrement temps qu’il parte. Néanmoins c egenre de mitigeur peu toujours servir.
Petite note : Je viens d’apprendre que A. Duhamel, dans le point, avait écrit une critique élogieuse du livre d’A. Badiou, « l’hypothèse communiste ». Une vraie bonne blague.
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« tu perds ton sang-froid » ou « le procès d’A.Duhamel ».
Certes, mais il n’est pas le seul. Avec l’avènement de N.S. à la tête de la France, la presse n’est plus seulement manipulée par la politique, mais muselée par la droite. Contrairement aux autres pays d’Europe, le journaliste n’ose pas poser les vraies questions, laissant la mafia politique diriger tout le monde par le bout du nez. En effet, les journalistes n’ont pas de coui… Internet, avec ses infos vraies, fausses, vérifiées ou non, reste au moins un lieu de libre expression où l’on a pas peur de ce qu’on veut dire.
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Internet est un émulateur pour les scribouillard prostré.
Il y aura toujours des crasses sur le web. Comme à la TV ou dans la presse écrite.
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Joli carton. Le plomb est bien réparti au centre de la cible. Un peu sévère avec les petites frappes auvergnates ? Courageux.
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Nous sommes en droit de nous demander si les phares de la pensée qui il y a peu fustigeaient le populisme, la ringardise et l’archaïsme de ceux qui avaient l’indécence, l’outrecuidance de ne pas penser comme eux et de le faire savoir (exemple : le 29 mai 2005), ne sont pas à leur tour frapper par ces mêmes travers ainsi que ce billet porté par la dynamique qui submerge les Hadopistes le fait pertinemment ressortir. Il est plus facile de voir la paille dans l’oeil de son voisin que la poutre dans le sien. Ceci est valable pour chacun d’entre-nous ; a-fortiori quand la poutre est dans l’oeil de ceux qui ont été habitués depuis si longtemps aux places de d(h)onneurs de leçons qui expliquaient à la populace, qui ne pouvait guère riposter, ce qu’elle devait penser.
Les temps changent effectivement et l’exprepression publique monte qui opère sur les modernes d’hier une pression telle qu’ils se voient devenir à vitesse grand V les dynosaures de demain appelés à disparaître sous les vagues du changement qui déferlent. Et plus la pression est forte, et plus ces dynosaures de demain matin recourent à des expédients qui montrent à quel ppoint ce qu’ils dénoncent n’est que le reflet de ce qu’ils sont acculés à pratiquer assez souvent : le dénigrement, la médisance, la généralisation aux seules fins de discréditer la paroles libres des citoyens enfin libérés dans leur expression grâce à Internet. Prenons un exemple : dès qu’une bouche s’ouvre sur les médias pour faire part de ses doutes quand à la simple version officielle relatives aux attaques du 11 septembre 2001, aussitôt c’est un procés en révisionisme, négationisme, anti-sémitisme ou anti-américanisme, fascisme, etc.. : que des gros clichés qui sont censés salir l’image de ceux qui s’interrogent comme tout citoyens soucieux de vérité a le droit, le devoir, de la faire ! Et en salissant cette image, distordre leur discours en brouillant le canal de la communication.
Et pourquoi est-ce qu’il réagissent ainsi les défenseurs du système ? Parce qu’ils savent qu’ils sont en passe d’être dépassés par la pression croissante de l’intelligence collective qui se développe à un rythme exponentiel qd bien même de ci de là on tombe sur des propos sans intérêt, voire crégnos (mais l’arbre pauvre ne doit pas cacher la promesse de la forêt). Dans le passage d’une société de la communication top-down à une information-réflexion totalement transversale, les foyers d’intelligence ne sont plus concentrés au sommet d’une pyramide mais pullulent à travers toute la structure (le réseau horizontal) et peuvent se multiplier grâce à la formidable émulation que constitue l’interactivité globale et permanente. A ce propos, Ars Industrialis avec Bernard Stiegler effectue un travail prometteur …
Ce que n’acceptent pas les turiféraires de la modernité et qui consacre la liquidation de leur pouvoir de domination sur la masse, c’est qu’ils vont se retrouver hors-jeu, réduits (rabaissés) à un rôle bcp plus modeste : ils ne seront plus les creusets incontournables et tout puissants où se forgeait l’opinion, les auxiliaires complices du pouvoir !
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Merci pour ce billet grandiose.
Je n’arrive pas à écrire sur B. Stiegler que j’apprécie.
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bravo, bel article, toute mon admiration. cela décrypte très bien à travers duhamel tous ceux (et celles) qui se plient à ce jeu d’auto-censure journalistique qui va à l’encotnre de la recherche de la véritéqui devrait leur être consubstancielle…
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Beaucoup pourraient se reconnaitre. :)
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Facebook: 300 M d’utilisateurs
Si facebook, c’est la transparence, alors la transparence s’imposera grâce au web. Sinon, j’ai bien peur qu’Internet ne soit que le miroir d’une France habituée à penser tout et surtout n’importe quoi. Auquel cas la « transparence » (people, Nico qui saute Carla, des discours ras-des-pâquerettes, des ordres qui valsent dans tous les sens, des mouvements qui se cassent la gueule en deux mois, …) sera de même nature que celle d’avant.
En faisant passer les petits secrets graveleux pour normaux, ou mieux justifiés (ou en imposant le pr0n à 22 heures pour tout le monde, c’est la clientèle qui le veut, regardez en Italie), comme c’est déjà le cas pour la corruption ordinaire, nos gouvernants ont encore de beaux jours devant eux. Mais il faudra remplacer M Duhamel, car le people et le pr0n ne relèvent pas tant que ça de son domaine de compétence
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Contentons nous d’asticoter les puissants.
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Bien vu ! Duhamel est au journalisme ce qu’une carpe est au monde halieutique… Qui trouvera l’appât pour l’arrêter de sévir ?
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Cher B.mode
Selon wiki
L’halieutique peut être définie comme « la science de l’exploitation des ressources vivantes aquatiques ».
Je m’endormirai plus riche.
Un banc de carpe nage avec le courant….
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Malgré la qualité de votre plume, vous écrivez des inepties. En effet, Libération n’est pas un journal centriste, pour nous le mot « lutte » signifie beaucoup contrairement à ce que peuvent penser de subtils gauchistes bien tranquilles derrière leur clavier. Nous devons défendre notre ligne et notre courage, même dans ces diners dénoncés par la petite bande du Plan B.
Je ne vous salue pas!
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Mouarf ! Le Lolo est un troll ! hi hi hi ! ;O)
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Beau billet ! et le commentaire de Joffrin comme point d’orgue m’amuse beaucoup – Have a good day !
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Qu’il est bon de lire des « propos vrais » ! à lire la presse aux ordres, on a l’impression de vivre dans une réalité parallèle. Les excuses complaisantes « mais-non-il-n’est-pas-vraiment-(sic)-raciste » sont une espèce d’engourdissement intellectuel, ou, pour prendre le point de vue du biologiste penché sur son microscope, s’apparentent aux rétrovirus du système politico-mediatique qui réagissent à l’infection du web ! :)
Franchement, lire cette tribune de Duhamel dans Libé !! Je me suis senti vieux ! Libé, qui donne la parole aux tenants du monopole de l’information… quelle déchéance.
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Très bon billet, Vogelsong. Ne faiblis pas !
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Votre qualificatif à l’endroit du sinistre « ami de trente ans » de notre squatteur elyséen est courageux et tout à fait en résonance avec une autre « petite frappe », qui fonda le SAC et dont la trajectoire dans l’esprit extrême-droite n’est pas à démontrer.
Duhamel, c’est la plume « petit doigt en l’air », analyse serrée de l’écume produite par l’écume d’un confrère analysant en plan serré une rognure d’ongle d’un des puissants à médiatiser.
Bref, c’est du journalisme embarqué, largement parqué dans un champ où il peut glousser joliement.
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Ce n’est pas bien courageux.
Donc Duhamel serait une Dinde. cela lui va bien.
Allez. Courage.
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J’ai failli écrire sur le sujet, mais quand j’ai vu que tu l’avais bien fait, j’ai préféré faire autre chose. Il y a plusieurs bon billets sur cet édito de Alain Duhamel. La vidéo (FranceInter) avec Pascal Riché, qui le démonte parfaitement.
Donc, le point central, c’est la connivence: pourquoi il défend Hortefeux, alors qu’il n’est pas obligé, surtout dans Libé? Mais peut-être qu’il ne le défend pas, en fait.
Alain Duhamel reste sympathique. Il est toujours sympathique. Ca fait partie de ces personnes qui ont un fond de culture très solide. L’Histoire, surtout: ils replacent les choses dans leur contexte.
Et ce qu’il dit sur Internet, la peur que l’on a de se retrouver sur le net à notre insu. Par exemple, dans un café, toujours un gusse avec son iPhone pour vous filmer.
Il exagère, il a tord, mais il a raison quand même, un peu, sur ce point précis.
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Duhamel est l’un des rares à écrire à gauche dans Libé, à droite dans le Figaro.Pas méchant mais fade. Une sorte d’extremiste balladurien
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