La burqa, l’ennui de F.Amara

F.Amara s’ennuie. Terriblement. Issue du casting d’ouverture, elle est devenue un fantôme dans le dispositif gouvernemental. Pour justifier sa charge, telle une Marianne au secours de la république, elle monte au front pour éradiquer ce fléau qui défigure la France éternelle : la burqa. À l’UMP, on ne se lasse pas des marronniers. À intervalle régulier, on ressort les thématiques bien « clivantes », bien discriminantes. Drapée de vertus, la droite racle large, mais surtout profond, dans un cloaque de bas instincts. À l’étal, xénophobie, sexisme et république, pour le bonheur de tous.

Nude TorsoLe cortège d’une soixantaine de députés, dont une grande majorité issue du binôme UMP/nouveau centre, s’est lancé dans la croisade anti-burqa. En tête de gondole, l’ineffable sarkozyste F.Amara, supposée forte en gueule dont le parlé « cash », forme accomplie de la nouvelle langue de bois, fait merveille dans les médias croupions hexagonaux. Plus à une vacuité près, elle se prononce pour l’interdiction dans les lieux publics du port de la burqa. Un accoutrement issu d’une interprétation maximaliste des préceptes du Coran. L’application vestimentaire du joug masculin et religieux sur les femmes. Le phénomène en France est très marginal. Personne ne peut assurer que le port du voile est une violence, ni en dénombrer les cas. Mais qu’importe, les symboles sont si tentants.
Dans la modernité globalisée, et dans un pays où l’on se croit affranchi, la femme doit être « indépendante ». L’État, de son propre chef, décide de régenter les consciences. De conformer la citoyenne à la mode « casual » de l’industrie textile occidentale pour se convaincre qu’elle est libre.
Pour F.Amara et ses apôtres, il faut infliger cette liberté. Libérer en légiférant, en interdisant. Proscrire ces femmes des lieux publics, ce n’est plus les cloîtrer sous un voile, mais les enfermer chez elles. Remplacer un moindre mal par le pire sous prétexte d’émancipation. Mais peut-être que l’objectif est tout autre : le paysage fantasmé, promis par B.Hortefeux, clarifié des « fauteurs de culture ».
F.Amara, comme beaucoup, fait un complexe, celui du récent converti. En l’occurrence au sarkozysme. Dans ce domaine, il faut être plus blanc que blanc. Pousser le zèle. Et dans ce cadre, il est bien plus aisé de stigmatiser la banlieue, ses femmes, ses hommes. Dans la lignée d’E.Besson, M.Hirsch, elle apprend parfaitement les us de son camp d’allégeance : être fort avec le faible.
Quand légiférera-t-on drastiquement pour briser les chaînes de l’emprise économique qui confine les femmes ? Quand va-t-on définitivement proscrire le « porno chic » prôné par les multinationales de la mode qui mêle dans des réclames femmes lascives et animaux, par exemple ? Où sont les censeurs ? Prompts à se jeter sur les femmes de Barbès ou de Vaulx-en-Velin, mais qui ne pipent mot devant l’univers constant et lourd qui les entoure. Celui de l’Homme mondialisé.
Dans sa campagne d’éradication de la femme en burqa, le gouvernement entraîne avec lui une cohorte de bons à tout faire. Mais surtout de bons à rien, qui flinguent les proies faciles. Du militant féministe blasé à l' »islamophobe » primaire, la Sainte-Alliance de la France libre et laïque trouve son combat juste. L’affaire du voile à l’école avait été un avant goût, aujourd’hui on pousse encore plus loin. Les banlieues françaises sont en surchauffe. Le plan Marshall promis par le président N.Sarkozy, « marketé » par F.Amara s’avère être un tissu de balivernes. La situation de ses zones perdues de la république n’est ni due à l’hijab, ni au Coran, ni à aucun autre signe d’extériorité à la France. Mais F.Amara s’ennuie. Les députés godillots s’ennuient, eux aussi. L’opposition progressiste est éparpillée, anéantie, mais les problèmes demeurent. La burqa est un hochet, un comble du cynisme, pour nigauds. Les hiérarques le remuent et sidèrent les foules. C’est le symptôme d’un pouvoir stérile, qui ne peut rien à rien et qui se réfugie dans des problématiques (d’) accessoires.

Donner le cadre d’une émancipation librement consentie est le rôle de la puissance publique par le biais de l’éducation libre et gratuite pour tous. Parallèlement en France, la violence est pénalement réprimée. L’Etat aujourd’hui se borne à allumer des brasiers dans des zones explosives où vit une population qui n’a pas besoin de ça. Accréditer encore la thèse des sauvages venus d’ailleurs par la stigmatisation de comportements non conformistes n’est pas sérieux. Pénaliser toutes les femmes qui portent un habillement particulier sachant que l’on ne sait réellement pas combien sont forcées n’est pas sérieux. Mais le sérieux n’est pas l’apanage des politiciens du marché.

Vogelsong – 22 juin 2009 – Paris

28 réflexions sur “La burqa, l’ennui de F.Amara

  1. rha je te déteste ; ton texte est infiniment plus clair que le mien.

    Pour la defense de Amara (même si je ne la supporte pas). Elle a tjs eu une position claire sur le sujet. Chez NPNS les tensions ont commencé au moment ou Amara a refusé l’accès de conférences à des femmes voilées qui venaient débattre.
    C’est donc pour elle un vrai sujet, même si, comme d’habitude elle raisonne via l’emotion et le petit bout de la lorgnette.

    J’aime

  2. Pas mal vu l’occupation de Fadela et surtout symboliquement le fait qu’une musulmane prenne position (tiens Mme Dati ne s’est pas intéressée au débat). Petite erreur relevée, même en interprétant le Coran de façon maximale, il n’est indiqué nulle part l’obligation du port de la burqa.

    J’aime

  3. Puis-je faire entendre un son dissonant ?

    quand tu dis : « L’Etat aujourd’hui se borne à allumer des brasiers dans des zones explosives où vit une population qui n’a pas besoin de ça. »

    je trouve que tu opères une simplification excessive de la réalité.

    J’aime

  4. Remarquable raccourci sémantique, par le biais, (qui n’est pas toujours un raccourci, sur le plan strictement géométrique, si on se confére à la diagonale…en l’occurence, ce serait plutôt prendre la tangente…!!), d’une secrétaire ou sous-secrétaire, je ne sais plus…!!, qui faute d’occupations urbaines, incrimine une surinterprétation du Coran….!!

    LOmig, as tu vu beaucoup de burkas, dans les banlieues,…franchement..!!?

    J’aime

  5. Pardon, pardon, c’est l’hôte de ces lieux, qui prétend à un embrasement, dans des zones esxplosives où vit une population qui n’a pas besoin de ça,…scusi…!!

    Dommage, tout le reste du billet était très bien..! :-)

    J’aime

  6. oops

    parce qu’attribuer toute la responsabilité à l’Etat c’est dédouaner tous les individus ou mouvements de groupes qui justement jouent avec les gens et entretiennent des climats explosifs.

    J’aime

  7. @Lomig :
    Tout à ta quête de pointer du doigt les musulmans, tu n’arrives même plus à regarder toutes les facettes d’une question.
    Qui a écrit que la responsabilité était exclusivement chez les politiques? Si tu as pensé cela en lisant les textes ci-dessus, c’est parce que tu penses, et tu ne t’en caches pas, que la responsabilité est exclusivement du côté des musulmans.

    Tout le monde n’a pas une vision manichéenne et binaire du monde.

    J’aime

  8. à Chitah :

    je n’ai jamais dit que la responsabilité est exclusivement du côté des musulmans. Simplement qu’il est faux de dire que c’est l’Etat qui allume des feux. Désolé, mais il suffit de voir les tabligh à l’oeuvre dans les banlieues pour comprendre que ce n’est pas l’état qui allume des feux. L’Etat n’est pas ma tasse de thé, mais les islamistes encore moins.

    « L’Etat aujourd’hui se borne à allumer des brasiers dans des zones explosives où vit une population qui n’a pas besoin de ça. »

    Je crois qu’il est faux de dire que l’Etat se borne à allumer des brasiers dans des zones explosives. C’est une vision partielle de la réalité, cachant une partie de ce qui se joue dans les banlieues.

    J’aime

  9. Le Tabligh, c’est 30 à 50 000 personnes en France. Leur influence est limitée à ce que leur champ d’action leur permet, à savoir pas grand chose. Ils sont en contact, finalement, avec peu de musulmans.
    Si tu as des informations qui ne concernent pas des faits divers.

    De l’autre côté, les politiques eux sont détenteurs du pouvoir suprême : leurs actions vis-à-vis des musulmans ont un impact sur tous les musulmans, que ce direct ou indirect (mauvaise image donnée aux fidèles de ces religions).

    Dans les deux cas, l’intention est la même, mais l’impact totalement différent. 58 tabligh qui font les gogols dans leur coin, tout le monde s’en fout. 58 députés qui lancent une commission d’enquête a un tout autre impact.

    Et ça, c’est indubitable.

    J’aime

  10. Merci beaucoup Chitah pour ce commentaire mémorable qui montre toute la force de ta rhétorique, et toute sa faiblesse.

    D’une part tu veux faire croire que les intentions des politiques sont les mêmes que celles des tablighs. Ce qui est, c’est un euphémisme, totalement faux. Que les politiciens veuillent faire le bien en utilisant des moyens qui sont injustes, et inefficaces, et dépassant le cadre de ce qui devrait être leurs attributions, c’est bien clair. Mais ils ont en tête un « idéal » de société ouverte, où les humains cohabitent pacifiquement ET où ils peuvent vivre librement leur vie.

    QU’est l’idéal des tablighs ? Quelle est leur intention ?

    Tout le monde sait très bien que les intentions NE sont PAS les mêmes.

    Comme tu le sais très bien, c’est que tu manipules. Vouloir faire croire que les visées des 58 députés sont les mêmes que celles des extrémistes, cela peut vouloir dire deux choses : soit tu cherches à caricaturer la position des députés, et à la faire paraitre plus dangereuse que ce qu’elle n’est réellement, soit tu cherches à atténuer la position des tablighs pour la faire apparaitre moins dangereuse que ce qu’elle n’est.

    A moins que ce ne soit les deux à la fois ?

    J’aime

  11. Lomig, je sais que ton but est de scruter ce que j’écris pour essayer de citer cela quelquepart pour me faire passer pour je ne sais quoi ou je ne sais qui.

    Ce que j’ai écrit :
    « Dans les deux cas, l’intention est la même, mais l’impact totalement différent. 58 tabligh qui font les gogols dans leur coin, tout le monde s’en fout. 58 députés qui lancent une commission d’enquête a un tout autre impact. »

    L’intention dont je parle est claire : instrumentaliser la religion dans un but politique.
    D’un côté, le tabligh, bien évidemment, qui prêche afin de grossir ses rangs.
    De l’autre, les politiciens, qui instrumentalisent également l’islam pour gagner je ne sais quels points politiques vis-à-vis de je ne sais quelle opinion publique.

    Voici ce que tu écris :
    « Que les politiciens veuillent faire le bien en utilisant des moyens qui sont injustes, et inefficaces, et dépassant le cadre de ce qui devrait être leurs attributions, c’est bien clair. Mais ils ont en tête un “idéal” de société ouverte, où les humains cohabitent pacifiquement ET où ils peuvent vivre librement leur vie. »

    Le communiste Gérin, initiateur de la polémique, te remercie de cet hommage, et les 150 millions de morts du communisme aussi.
    Il cherche bien sûr le bien commun. Renseigne-toi donc, via le blog de ce monsieur, sur ce qu’il dit et fait.

    « QU’est l’idéal des tablighs ? Quelle est leur intention ?
    Tout le monde sait très bien que les intentions NE sont PAS les mêmes. »

    Ah, et quel est-il cet idéal? Quelles sont leurs intentions? Tu peux détailler?

    « Vouloir faire croire que les visées des 58 députés sont les mêmes que celles des extrémistes »
    Ce n’est pas le cas, voir ce que j’ai écrit juste quelques lignes au-dessus.

    « cela peut vouloir dire deux choses : soit tu cherches à caricaturer la position des députés, et à la faire paraitre plus dangereuse que ce qu’elle n’est réellement, soit tu cherches à atténuer la position des tablighs pour la faire apparaitre moins dangereuse que ce qu’elle n’est.

    A moins que ce ne soit les deux à la fois ? »

    Ah, avec nous ou contre nous, encore? A tes yeux il n’existe pas de position qui consisterait à dire que les visées politiques de groupe comme le tabligh sont condamnables, et les visées politiciennes de Gérin et de sa clique sont également condamnables, pour des raisons différentes à chaque fois.

    Ah bah non, le monde est binaire c’est ça?

    J’aime

  12. Concernant le reportage proposé par Lomig, les personnes concernées ont été condamnées à des peines de prison pour aggression. Je ne l’ai pas regardé, mais j’imagine que cela doit être ce fameux reportage de Canal+ sur une école du mouvement tabligh.

    L’affaire, le fait divers dont Lomig est friand pour expliquer le monde hier, aujourd’hui, et demain, est clos.

    J’aime

  13. @Valérie
    J’ai lu ton texte. Tu l’abordes avec plus de proximité. Question clarté, on voit très bien où tu vas.
    À bientôt

    @celeste
    Que dire ? ;)

    @Rubin
    Je crois (aussi) au libre arbitre. Sans en faire un alpha et un oméga. Nous avons beaucoup de proximité.

    @Agathe
    Tiens le village débarque chez moi. Prenez vos aises, vous y êtes les bienvenus.
    Je viens de vérifier, le wiki parle aussi d’interprétation coranique. J’aurais utilisé le terme d' »extension ». Il me semble que le Coran « parle » la couverture du cou.
    Je conserve le texte en l’état. Des précisions pourraient s’imposer.

    @vieil anar
    Par destination le gouvernement stigmatise les banlieues avec la de burqa. D’ailleurs, on est moins regardant avec celle des hôtels des Champs Élysée où les émirs viennent séjourner..
    Villiers-le-Bel est en ébullition. Les zones périurbaines sont à l’abandon. Les précédentes émeutes ont eu deux déclencheurs et un catalyseur.
    Zouane et Bouna, deux gamins morts dans un transformateur. Une lacrymogène dans une mosquée. Tout cela sous fond de déclassement géographique, ethnique et social.

    @Chitah & @Lomig
    J’ai du mal à entrer dans votre débat sur les tabligh. Que je ne connais pas.
    Je vais m’y intéressé.

    J’aime

  14. Vogelsong,

    Le mouvement tabligh est un mouvement que l’on pourrait qualifier de piétiste. Lomig ne sait absolument pas de quoi il parle (parcourez son blog, il parle contre lui). Les tablighi sont apolitiques, si apolitiques qu’ils refusent même de prendre des responsabilités dans les mosquées (à de rares exceptions près). On les reconnaît à leur tenue (qamis, barbe, couvre-chef). Ils sont tout versés dans la bonne parole, la da’wa (prêcher l’islam). Leur objectif, n’en déplaise à l’approximatif Lomig, est de faire da’wa. D’ailleurs, ils sont souvent surnommés les gens de da’wa. Essayez de parler politique avec eux, ils se fermeront aussitôt. Ce qu’ils recherchent, c’est une éducation spirituelle (accompagnée d’une certaine ascèse) qui leur permet d’améliorer leur être au monde pour espérer être à l’Au-delà.
    Quant au reportage et à l’agression des journalistes, comme l’a dit Chitah l’affaire est close, quand bien même Lomig voudrait que tous les musulmans soient comptable des agissements de chaque musulman sur terre.

    J’aime

  15. Ce que j’ai lu et entendu à propos des tabligh, c’est aussi qu’il s’agit parfois d’une porte d’entrée vers des mouvements islamistes.
    Par ailleurs dire que c’est apolitique est assez amusant : l’islam est une idéologie qui est aussi politique. Quand on sait que les tablighs vénèrent le prophète et cherchent à s’en inspirer en tout, j’aimerais savoir si cela inclue les actes violents du prophète ? Quiconque connait un peu la vie de Mohamed voit avec une certaine circonspection ceux qui disent vouloir en tout suivre son exemple.

    J’aime

  16. Pingback: “Burqa” on web

  17. « Ce que j’ai lu et entendu à propos des tabligh, c’est aussi qu’il s’agit parfois d’une porte d’entrée vers des mouvements islamistes. »

    C’est du Lomig tout craché. Veillez a minima que votre haine de l’islam ne vous rende pas ridicule, jeune homme.

    J’aime

  18. C’est comme le cannabis, c’est une entrée vers l’héroïne.
    Ou alors la bière, c’est une entrée vers l’absinthe, le whisky à 99° et l’alcoolisme.

    « Par ailleurs dire que c’est apolitique est assez amusant : l’islam est une idéologie qui est aussi politique. Quand on sait que les tablighs vénèrent le prophète et cherchent à s’en inspirer en tout, j’aimerais savoir si cela inclue les actes violents du prophète ? Quiconque connait un peu la vie de Mohamed voit avec une certaine circonspection ceux qui disent vouloir en tout suivre son exemple.

    Non, l’islam n’est pas une idéologie, c’est une religion.
    C’est l’islamisme qui est une idéologie politique.

    De même, une chaussure n’est pas une voiture, et un manche à balai n’est pas gâteau apéritif.
    Après, on peut tout confondre aussi, on peut ne pas connaitre les définitions basiques, mais alors à ce moment-là la discussion n’est pas très compréhensible.

    Al Kanz : Ca te dit Chitah, on va en boite? Tu as mis tes chaussures au pied?
    Chitah : Non al Kanz, j’ai mis ma voiture au pied. En revanche, on va prendre ma chaussure 205 GTI pour aller en boite.
    Al Kanz : Chitah, tu as déjà bu ou quoi?

    J’aime

  19. C’est bon de voir qu’il y a des gens qui ont le courage d’exprimer une pensée réellement libre. Evidemment, le risque c’est de se retrouver ni dans un camp ni dans un autre, donc l’ennemi de tout le monde…

    Cela dit, moi, la question qui me turlupine, c’est … que deviendront les femmes qui portent la burqua quand le port de celle-ci sera interdit dans la rue… Hein ?

    J’aime

  20. oups trop de fautes, je reprend

    La burqa est un probléme secondaire.Mais ce n’est pas parce que c’est un probléme secondaire qui ne doit pas avoir une solution, sinon il deviendra un probléme prioritaire….Quand on voit le comportement de certains chercheurs payés avec les fonds d’Etat, il y a en effet de quoi s’alarmer (http://o-x.fr/372)sur les montées de possibles complaisances.

    J’aime

  21. Pingback: Positions & Actions du Gouvernement | Pearltrees

Laisser un commentaire